Être étonné(e), emporté(e) et séduit(e)… par un roman !
Cet article est paru le 8 février 2018 sur le blog Mes lectures gourmandes. La chronique d’origine et l’interview qui suit sont visibles ICI.
Aujourd’hui, je suis vraiment heureuse de vous proposer un article un peu spécial puisqu’il s’agit d’une chronique suivie d’une interview, toutes deux consacrées à mon premier coup de cœur de l’année : Le cas singulier de Benjamin T de Catherine Rolland, qui sort aujourd’hui en librairie !
Résumé :
Depuis quelque temps, plus rien ne va dans la vie de Benjamin Teillac. Quitté par sa femme, rejeté par son fils, il risque maintenant de perdre son travail d’ambulancier. En cause : ses crises d’épilepsie, qui ont recommencé brutalement et que les traitements conventionnels ne suffisent plus à contrôler. Lorsque sa neurologue lui propose de tester un nouveau médicament révolutionnaire, il décide d’accepter, malgré la réticence de David, son meilleur ami. C’est alors que d’étranges visions commencent à l’assaillir, des rêves récurrents au réalisme troublant. Sur un chemin enneigé, le voilà qui fait le guet en compagnie de soldats qu’il ne connaît pas et à qui, pourtant, il s’adresse comme à des familiers… Par quel phénomène singulier s’est-il soudain retrouvé en 1944, au beau milieu du maquis ? Là, alors que le danger rôde, une autre existence s’ouvre à lui, un autre possible. Se pose alors la seule véritable question : qui Benjamin veut-il être ?
J’ai tout aimé dans ce roman :
Le personnage de Benjamin, le croisement des deux époques (un présent à Lyon et un passé en pleine résistance) mais surtout la finesse de l’écriture qui ne laisse percevoir aucune scission lors des changements d’époques dans la narration ! Pour tout vous dire, l’autrice a su m’emporter du début à la fin et elle ne m’a perdue à aucun moment, à tel point que j’ai tout simplement dévorer ce livre qui m’a fait un bien fou !
À la frontière de la fiction et de l’Histoire, c’est un voyage temporel entraînant et enivrant, un roman dont les personnages et rebondissements en tous genres vous feront passer un agréable moment de lecture !
À découvrir, sans hésiter !
L’autrice a bien voulu répondre à quelques questions concernant son activité d’écrivaine ainsi son roman :
- Depuis quand écrivez-vous ?
J’ai commencé à écrire à l’adolescence, essentiellement de courts récits et des nouvelles. Petit à petit, les textes se sont structurés et allongés. Mon premier projet réellement finalisé était un recueil d’histoires médicales, inspirées de mon expérience de médecin au Samu. Par la suite, j’ai pris plaisir à explorer beaucoup d’autres univers et à créer des intrigues plus éloignées de mon quotidien, plus complexes aussi. En 2014, un éditeur m’a fait confiance, mon premier roman a été publié et cela a été le début de l’aventure…
- Quel est votre rapport avec la lecture et l’écriture ?
L’une ne va pas sans l’autre. J’ai toujours lu énormément, dès l’enfance, et bien avant d’envisager de me mettre à écrire moi-même. J’aime qu’on me raconte des histoires. J’aime me laisser emporter par les mots d’un auteur, m’identifier aux personnages, découvrir avec eux des mondes inconnus. Je n’ai pas de genre de prédilection, j’ai des « périodes » où j’ai soif de lectures légères, d’autres où la poésie ou des styles plus ardus m’attirent davantage.
Depuis que j’écris, j’aborde mes lectures avec un œil beaucoup plus technique, je m’intéresse davantage à la manière dont l’auteur a construit son œuvre, et je suis probablement beaucoup plus critique qu’avant. J’ai moins de scrupules qu’il y a dix ans à abandonner un livre en cours de route, par exemple, si après une centaine de pages je n’ai toujours pas réussi à « rentrer dedans ». Peut-être ai-je tort, mais j’ai une telle « pile à lire » que je ne termine une histoire que lorsqu’elle me plaît réellement.
J’aime certains écrivains dont je lis systématiquement les nouveautés, et les chroniques sur les blogs littéraires me permettent d’en découvrir d’autres régulièrement. En outre, je trouve très enrichissants les échanges que permet Internet, que ce soit en tant qu’auteur ou lecteur !
- Vous avez déjà écrit et publié d’autres romans, celui-ci est-il différent des autres ?
Dans Le cas singulier de Benjamin T., on suit deux intrigues en parallèle, deux époques différentes entre lesquelles le héros navigue malgré lui. Sans avoir de prétention d’historienne, j’ai pris beaucoup de plaisir à ces allers-retours entre passé et époque contemporaine. De tous mes romans, Le cas singulier est celui qui m’a demandé le plus de travail de documentation, mais cette étape était réellement passionnante et j’ai beaucoup appris.
Il y a aussi dans cette intrigue une très légère connotation fantastique, qu’il n’y avait pas dans mes livres précédents. On y retrouve cependant, du moins je l’espère, mon envie d’entraîner le lecteur dans une histoire pleine de rebondissements et de fausses pistes, aux côtés de personnages attachants par leur héroïsme autant que par leurs faiblesses.
Le meilleur des livres, pour moi, restera toujours celui qu’on répugne à finir pour faire durer le plaisir, mais dont pourtant on ne peut s’arrêter de tourner les pages… J’écris toujours en pensant au lecteur, et savoir que je lui ai fait passer une nuit blanche pour connaître le fin mot de mon histoire est le plus beau des compliments qu’on puisse me faire…
- Comment vous est venue cette idée de roman ? Pourquoi cette période historique (Seconde Guerre mondiale) en particulier ?
Cette idée a germé en rendant visite à des amis qui habitent à Entremont, un village de Haute Savoie qui fut un des hauts lieux de la Résistance. J’ai découvert cette région et le plateau des Glières, dont le nom m’était familier mais dont je ne connaissais pas vraiment l’histoire. C’est un site magnifique, extrêmement paisible, un paysage de carte postale. Le souvenir des maquisards qui y sont morts est pourtant omniprésent, en grande partie sans doute à cause du monument national de la Résistance qui y est érigé.
Mon imagination était en route, et au cours de cet après-midi de balade, je songeai à ce que l’hiver 1944 avait dû être ici, aux conditions de vie terribles de ces jeunes gens, prêts à se battre jusqu’à la mort pour leur idéal… De retour chez moi, j’ai voulu en savoir plus, j’ai fureté sur le net et à la bibliothèque et j’ai découvert l’histoire tragique de Tom Morel et de son groupe… L’envie de mêler la réalité historique et la fiction s’est peu à peu imposée… Benjamin était né.
- L’intrigue est assez originale et on pourrait même dire qu’elle mêle plusieurs genres littéraires (fiction historique, roman « psychologique », un peu de science-fiction et de romance…). Qu’en pensez-vous ?
J’écris mes histoires un peu comme elles me viennent, sans chercher à me cantonner à un genre ou à un autre. Comme dans la vie, finalement, où nous traversons des périodes de joies et d’autres plus sombres, des moments tristes et des fous-rires…
Les ingrédients « psychologie » et « romance » sont, je crois, présents dans toutes mes histoires, car finalement ils sont le propre de la nature humaine… Avec Le cas singulier, en revanche, c’était la première fois que je partais en voyage dans le temps, et j’ai adoré relever ce défi. La nécessité de respecter les faits historiques, comme les personnes ayant réellement existé, n’entrave en rien la liberté totale du processus créatif, qui permet de réinventer un pan du passé… L’écriture de ce roman a été particulièrement grisante, et je compte renouveler l’expérience très vite !