Au prochain arrêt, de Hiro Arikawa

Les librairies sont des lieux dangereux, c’est connu. On y entre en toute innocence, pour acheter un livre bien précis pour une lecture commune… et on ressort une demi-heure plus tard, les bras chargés d’une dizaine de bouquins à ajouter à une Pile A Lire déjà honteusement garnie.

Fatalité contre laquelle – à l’instar des catastrophes naturelles et de l’augmentation du prix du gaz au mois de janvier – il est inutile de chercher à lutter.

C’est ainsi que, sans en avoir entendu parler auparavant, j’ai repéré « Au prochain arrêt » de Hiro Arikawa. Le roman avait dû être choisi par un autre client avant moi, puis négligemment abandonné au rayon fantastique (où il n’avait, à l’évidence, rien à faire). La sublime couverture m’a tapé dans l’œil, et j’y ai vu une nouvelle occasion de me frotter à la littérature japonaise (ma seule expérience, 1Q84 de Haruki Murakami, m’ayant laissée sur ma faim). Bref, je me suis vaillamment lancée et suis montée dans le train reliant Takarazuka à Nishinomiya, afin de suivre tour à tour les nombreux personnages de ce court roman.

Le lien entre eux ? Aucun.

… Si ce n’est justement le fait de se croiser sur le quai de la gare ou dans un des compartiments de cette petite ligne de chemin de fer. Je l’imagine perdue au fin fond de la campagne japonaise, bien loin des images de foules urbaines qu’on associe bien souvent, en Occident, à ce pays lointain et mystérieux.

Au fil des chapitres, le lecteur omniscient se promène d’une vie à l’autre, d’un regard à l’autre, explorant, pour quelques minutes ou quelques heures, les pensées secrètes d’une petite fille et sa grand-mère amoureuses des chiens, d’un homme et d’une femme rivaux de bibliothèque ou d’une presque mariée exerçant une implacable vengeance sur son traître de fiancé…

J’ai aimé l’écriture poétique de l’auteure, qui reste cependant très accessible.

L’ambiance est feutrée, lente, hypnotique, comme le léger roulis des wagons sur les rails. Les personnages sont variés, intéressants et tous attachants à leur manière…

Par moments, j’ai regretté de ne pas détenir tous les codes culturels, pour pleinement comprendre les subtilités de certains dialogues ou situations (les scènes évoquant les caractères de la langue ou le saké, par exemple, m’ont semblé un peu hermétiques). La multiplication des noms japonais (qu’il s’agisse de gares, de localités ou de personnes) m’a souvent perdue, sans m’empêcher, heureusement, de suivre l’intrigue.

J’ai finalement trouvé à ce « prochain arrêt » beaucoup de charme.

C’est un roman contemplatif et élégant, qui permettra au lecteur de s’immerger dans un Japon méconnu, fascinant et très inaccessible en même temps.

Cette chronique est parue initialement sur le blog « Au plaisir de lire », à retrouver ICI.

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