Basse-cour, de Cécile Crassous
Cécile Crassous, très sympathique auteure auto-éditée, a publié une série de romans dont le fil rouge est le décor : la rue des Beaumonts. Si aucun indice ne permet de connaître la ville où elle se situe, on sait qu’elle comporte assez de numéros pour rassasier l’imagination de l’écrivaine autant que la curiosité de ses lecteurs.
En effet, chacun des romans de la série a pour héros un des habitants ; pour « Basse-cour », nous poussons la porte du numéro 17, et pénétrons dans l’intimité de son occupante, Blanche.
Si on peut dire une chose de cette femme, c’est assurément qu’elle n’est pas très heureuse.
Timide, effacée, elle a une bien piètre image d’elle-même et se déprécie constamment. Celle qu’elle nomme « sa meilleure amie », par exemple, lui semble désespérément plus belle et plus digne d’être appréciée. Pour tenter de lui ressembler un peu, la pauvre Blanche tente de se mettre au sport. Pourquoi pas ? Ses cocasses séances de courses à pied, comme ses démêlées avec le maître-nageur, mécontent qu’elle tente de se soustraire à l’obligation de tremper ses pieds dans le pédiluve, vaudront au lecteur quelques francs éclats de rire à défaut de sculpter le corps tant rêvé de la principale intéressée.
Au fil des chapitres et des anecdotes, Cécile Crassous brosse le portrait d’une femme qui se débat pour ne pas sombrer, pour se reprendre en main et ne pas perdre le plus précieux : son mari. En vérité, on l’apprend dès le début du livre, de ce côté-là, l’affaire semble bien mal engagée : Monsieur « a quelqu’un d’autre », et semble bien décidé à quitter sa terne épouse.
Accusant le choc, celle-ci va chercher les meilleurs moyens de le garder auprès d’elle.
Améliorer son aspect physique par une remise au sport intensive, ou briller par ses talents de pâtissière – les seuls qu’elle pense posséder – ne portant pas ses fruits, elle va imaginer une autre solution, bien plus radicale et déconcertante…
Ce court roman, bien écrit, souvent drôle, est une jolie découverte. Si je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher à Blanche, trop plaintive, trop passive, et que la fin de l’histoire m’a déstabilisée, j’ai passé un bon moment de lecture aux côtés de la locataire du 17, rue des Beaumonts. L’idée de la retrouver, peut-être, en personnage secondaire des autres romans de la série me plaît particulièrement. Je me réjouirai d’apprendre ce qu’elle est devenue, et comment elle s’est tirée de l’improbable subterfuge inventé pour garder son mari…