Les Inexistants dans l’1dex

Merci à Stéphane Riand pour cet article du 5/09/22, à retrouver


L’ancien chroniqueur de Laurent Ruquier, l’auteur à succès de Grasset, Yann Moix, l’homme qui n’apprécie que très modérément la Suisse, affirme, dans une récente interview de promotion de son dernier livre, Paris, qu’un écrivain ne peut porter deux prénoms, qu’en de tels cas l’obstacle serait pour lui irrémédiable. Les inexistants de Catherine Rolland sont la démonstration qu’un homme peut être brillant plume à la main et dire de grosses bêtises. 

Les inexistants, non primé au Prix du polar romand 2022, mais dans le trio des vainqueurs potentiels, est époustouflant.

Certains diront que  cet adjectif doit être réservé aux chefs-d’oeuvre absolus, je leur répondrai qu’un zeste d’exagération est admissible pour promouvoir une littérature romande de qualité qui peut affronter la France de Saint-Germain-Des-Prés les yeux dans les yeux.

Sans vouloir spoiler le contenu et l’énigme de ce roman, je préviens l’acheteur hésitant : qu’il se méfie de la quatrième de couverture aussi mensongère que peut l’être aujourd’hui un politique qui promettrait la diminution par moitié du prix de l’électricité. De même, la main illustrant la couverture ne dit rien de la qualité de la fiction qu’a voulu nous faire partager BSN Press.

Catherine Rolland, médecin urgentiste de profession, lorsqu’elle passe du scalpel à la plume, révèle une qualité d’écriture donnant corps et vie à ces âmes humaines qu’elle accompagne vers le lecteur.

Et ces prouesses successives animant Noam, Camille, Maxime, l’Éventreur et les autres deviennent Le Péché Gourmand du nom de ce restaurant accueillant même la nuit Anatole et ses potes camionneurs, dont le seul tort est de ne  pas avoir voulu comprendre que la guerre en Irak peut être observée d’un entrepôt industriel éloigné d’Autun. Le lecteur de L’1Dex ne peut comprendre cette allusion sans avoir lu Les inexistants, mais il pourra deviner qu’un passeport de réfugié ne dit encore rien de la différence d’essence qui peut exister entre Tahar et Noam, dont l’âme – le singulier est de rigueur – n’est pas autre que la nôtre à nous humains.

Dans ce roman qui n’échappe pas au gore des boyaux sanglants surgissent des scènes d’amour lors desquelles le coeur et l’âme de l’homme et de la femme rejoignent dans un moment d’éternité leur esprit, parachevant une séquence avec des mots ayant la douceur du miel et la probité de la chaleur humaine.

Les inexistants seraient différents sans Uruk. Vous pourriez l’imaginer en combattant kurde ou en milicien turc. Vous vous tromperiez. Sachez seulement que je le préfère à Micky, qui, dans sa chaise de handicapé, nous émeut – à tort – davantage qu’un chien qui se noie.

Catherine Rolland, qui croit peut-être encore trop aux pouvoirs de l’Évêque, a signé avec Les Inexistants un roman  qui m’incite à penser que les lecteurs devraient suivre les conseils des libraires, cités à la dernière page, qui s’enthousiasment pour cet écrivain – je bannis le langage épicène – livre après livre.

J’attends leur conseil pour le suivant.

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