Atelier d’écriture : Parlons d’amour
Je me dois de vous avouer quelque chose : j’ai désobéi !
Oui, je le confesse : lors de notre dernier atelier d’écriture, j’ai proposé un thème, des consignes pour notre création littéraire du mois, et
Je ne les ai pas du tout respectés !
J’ai honte, vous l’imaginez bien !
Que je vous raconte. J’avais donné, pour écrire cette histoire, un temps de conception plus long que d’habitude : une heure en tout, répartie en 4 phases correspondant aux 4 temps de l’histoire.
En commençant à écrire, comme toujours, j’avais une idée approximative de l’endroit où je voulais aller. La chute, vous le savez sans aucun doute aussi bien que moi, est un élément fondamental du format court, et c’est toujours elle que je cherche à définir en priorité avant de me mettre à rédiger. C’est un peu comme quand vous faites du jogging (j’ai bien dit « vous », et pas « je », étant allergique à toute forme d’activité physique, ce qui est mal également, je le concède) : lorsque vous commencez à courir, il vous faut avoir une idée, même vague, de votre parcours et du temps que vous voulez passer à vous dépenser, mais aussi et surtout de l’endroit où vous vous rendez ! Cela donne un but clair, une ligne directrice qui va conditionner l’ensemble de l’effort pour atteindre cet objectif.
Or, très vite, j’ai senti que le sujet m’embarquait loin, très loin des impératifs que je m’étais fixés comme de la ligne d’arrivée souhaitée.
Une autre histoire s’écrivait, qui n’avait rien à voir avec celle que j’avais grossièrement élaborée au départ, ni avec les consignes…
J’ai hésité. L’animatrice d’ateliers d’écriture est tout de même supposée montrer l’exemple, c’est un minimum !
Toutefois, j’aimais l’histoire qui était en train de naître. Elle aurait pu – dû – être drôle et originale, elle se révélait poétique et empreinte, tout à la fois, de mélancolie et même de philosophie…
J’ai décidé de lui donner sa chance. Et j’aime assez le résultat, comme les conclusions que j’en tire : il faut savoir, en écriture comme en toute chose, sortir des sentiers balisés et écouter son instinct…
Je vous livre ci-après le produit inattendu de cette rébellion de mon imagination.
Comme toujours, je serais ravie de connaître votre ressenti sur ce texte et, si vous souhaitez tenter l’exercice, voilà quelles étaient les consignes d’origine (je vous avais prévenus, ça n’a vraiment rien à voir !). A vous de décider de les respecter ou pas !
Consignes
Thème : Parlons d’amour.
Raconter la rencontre du couple suivant, en évoquant le lieu imposé (vous pouvez, à votre guise, uniquement le citer ou y placer votre histoire) et en découpant votre intrigue en 4 phases successives : la rencontre / la lune de miel / les ennuis / la séparation
Temps : 15 min par phases, une heure en tout.
Couple : Un bonhomme de neige et une déneigeuse
Lieu : Le Japon
Je naquis au Japon, au cœur du printemps. C’est du moins à cette époque que remontent mes plus lointains souvenirs. Le soleil était déjà très chaud pour début avril. A Tokyo, autochtones et touristes se pressaient dans les parcs, comme chaque année, pour admirer la floraison des cerisiers. Ho était parmi ces milliers de promeneurs émerveillés et silencieux. Elle arpentait les allées du parc le nez en l’air, les larmes aux yeux tant l’impermanence de ce spectacle unique de la Nature, si éphémère, si sublime, la bouleversait. Elle avait apporté avec elle une petite couverture en soie, brodée par une de ses aïeules et transmise, de mère en fille, précisément pour l’usage qu’elle s’apprêtait à en faire : s’étendre sous les arbres, écarquiller les paupières, et ouvrir son cœur en grand. Elle voulait s’emplir de poésie et de joie. Elle, et tous ceux et celles qui se trouvaient là, espéraient que cette béatitude les accompagnerait chaque jour de l’année qui suivrait, et que les matins de peine, il leur suffirait pour aller mieux de se remémorer la teinte particulière des fleurs de cerisier.
Ainsi s’étendit-elle, le cœur battant et en proie au léger vertige qui vous saisit, parfois, avec la certitude que le moment vécu est particulièrement important.
De nouveau, les larmes affleurèrent à ses cils, et ainsi je naquis. Minuscule perle d’eau et de sel, glissant de l’œil ému de la douce Ho, je roulai sur sa joue, trop vite pour en apprécier vraiment le velouté délicat, suivis le relief de sa petite oreille, puis me fondis dans ses cheveux sombres, dévalant une mèche de son chignon défait à la pointe de laquelle je restai suspendue, un instant.
Un souffle de vent vint agiter les branches des cerisiers, et les pétales à peine ouverts frémirent, puis s’envolèrent par centaines, arrachant à la foule fascinée de petits soupirs extasiés. La brise joueuse m’arracha aux cheveux d’Ho, je m’envolai, dénuée de poids, quasiment invisible, une goutte d’eau minuscule mais qui contenait, sans que nul ne s’en doute, une conscience habitée des espoirs les plus fous.
Je brûlais de vivre, de découvrir le monde, de découvrir à quoi l’univers me destinait. Si j’avais eu la force, si j’avais eu l’ardeur, j’aurais rejoint mes sœurs, je serais devenue rivière, mer, océan… mais je n’étais rien d’autre qu’une goutte minuscule, volatile, et il faisait si chaud…
Je m’évaporai avant de toucher le sol.
Je m’élevai. Je vis Ho, par qui j’étais née et qui m’échappait déjà, gracieusement couchée dans l’herbe, rêvant peut-être à l’homme qu’un jour elle aimerait. Je ne le connaîtrais pas, pensai-je avec un peu de mélancolie. Je partais, regretter n’aurait servi à rien. Je poursuivis mon ascension, dépassai la cime des cerisiers, je vis le parc, la ville étendue au-delà et, mystérieux et terrible, dominant l’horizon, le mont Fujiyama. J’aperçus encore, sur le toit d’un immeuble, un chat qui tourna la tête et parut me suivre des yeux. M’avait-il vraiment vu ? Les chats, dit-on, ont des dons particuliers, et je songeai que peut-être, nous nous rencontrerions à nouveau.
Puis j’atteignis la nuée et je ne vis plus rien. D’unique, je devins innombrable. Je me fondis au Tout, et n’existai plus, alors, qu’en parlant de « nous ». Tout était blanc et doux, il n’y avait plus ni haut ni bas, ni dehors ni dedans et le temps avait ralenti. J’étais bien. J’aurais tant aimé que cela dure toujours ! Dans le cœur glacé du nuage, je me changeai en glaçon et le temps se figea tout à fait.
Combien de jours, de semaines ou d’années ont passé, avant que je ne sois chassée de ce cocon éthéré ? Je ne saurais le dire, mais j’éprouvai, au moment où je fus expulsée vers la terre, la même nostalgie teintée de curiosité que j’avais ressentie en quittant l’œil de Ho.
Goutte de pluie, parmi des milliards d’autres gouttes. Etais-je revenue au Japon ? Allais-je revoir Ho ? Je l’espérais ardemment, malgré tout ce qu’une telle coïncidence aurait eu d’improbable… et de fait, je le compris ensuite, c’était bien loin du Japon que mon averse m’avait conduite. J’étais en Suisse. C’était l’hiver et, au fil de ma descente vers le sol, je me sentis épaissir, refroidir, et je devins flocon. Ma chute ralentit, je me mis même à voleter, avec une élégance qui n’était pas sans rappeler la danse fascinante des fleurs de cerisiers de mes premiers instants conscients…
Je tombai sur un épais manteau blanc, recouverte aussitôt par d’autres flocons innombrables, de nouveau fondue au Tout. Allais-je demeurer ici, dans cette étendue blanche et légère si rassurante ? Alors que je m’attendais à entamer un nouveau temps de repos et de contemplation, des cris joyeux retentirent soudain, et le bruissement de bottes écrasant la poudreuse me parvint.
— Papa, viens ! cria une voix d’enfant.
Je me sentis soulevée, chahutée, je roulai dans des mains gantées qui compressèrent, l’une contre l’autre, mon corps floconneux jusqu’à en expulser tout l’air qui lui donnait sa légèreté. Je n’éprouvais, bien sûr, pas la moindre douleur : j’étais une goutte d’eau, et la seule émotion qui m’habitait était de découvrir où j’allais atterrir, quelle serait ma destinée ?
Je me laissais manipuler, tasser, tapoter par les petites mains maladroites, heureuse d’être, à ma minuscule échelle, à l’origine du bonheur que je devinais chez l’enfant.
Et je devins, parce qu’il l’avait voulu, un bonhomme de neige.
Je pensais à Ho, demeurée au Japon, à moins que le temps, sur lequel je n’avais aucune prise et que je ne savais mesurer, ne l’ait déjà arrachée à cette existence terrestre, et qu’elle en attende une autre, là où est la lumière et où demeurent les âmes.
Nous nous reverrions peut-être ?
J’ignorais quelle serait ma destinée, combien de fois encore je fondrais, monterais au ciel puis reviendrais, grossissant fleuves ou lac, mer et océan.
J’étais confiante.
Le plus beau était à venir.
Au Japon il existe une multitude de robots créés par des cerveaux très sophistiqués.
Une déneigeuse qui portant le nom de Linda on était un. Elle fonctionnait seule à l’instinct, comme les aspirateurs ou les tondeuses à gazon. Elle a été programmée ainsi. Elle sillonnait les rues et connaissant bien son travail, elle balaye la neige qui s’amoncelait dans rues de Sapporo à fin de permettre aux personnes motorisés de circuler sans encombres.
On transforme tellement bien des objets qu’ils en viennent à avoir une âme et des sentiment.
Ce que je vais vous raconter vous semblera étrange. Mais voilà ce sont des choses qui peuvent arriver.
Linda circulait donc à travers les rues, pour bien déneiger, soudain au détour d’une rue, elle se trouva nez à nez, si on peut dire, avec un adorable bonhomme de neige construit avec amour: il était beau, il portait un joli bonnet de laine rouge une écharpe de la même couleur une grosse et belle carotte comme nez. A la place des yeux on lui avait mis des coquilles de noir sur lesquelles étaient peints des yeux.. Des petits cailloux lui faisait un doux sourire. La personne qu’il avait confectionné y avait mis tout son cœur.
A sa vue elle en tomba immédiatement amoureuse elle le souleva délicatement et l’emmena dans le grand jardin où elle vivait quand elle ne travaillait pas, le déposa très délicatement. Un bonhomme de neige c’est très fragile L’endroit était très bien abrité du vent ainsi, elle venait le retrouver aussi souvent qu’elle le voulais. La fraîcheur des nuits la faisait frissonner, mais au moins il était toujours là et elle était près de lui. Ce fut les plus beau jours de bonheur de sa vie.
Le temps s’améliorait, il ne neigeait plus, elle aurait plus de temps pour rester près de lui.
Un après-midi, après son service, en rentrant, elle le trouva différent, un peu penché, il lui manquait de sa brillance, son bonnet était tombé, la carotte pendait tristement. il pleurait. il avait même perdu son sourire.
Linda tenta de récupéré sont chapeau, mais le remettre était impossible. Les quelques rayons de soleil revenus avaient suffit à réchauffer l’atmosphère.
Le jour suivant il avait l’air. encore plus mal mal-en-point que la veille.
Linda on était bien triste, car elle compris qu’il lui ne lui restait que peu de temps.
En effet la neige ne tombant plus elle sera rangée dans la remise, en attendant l’hiver prochain. Et son bonhomme de neige allait bientôt disparaitre et se transformer en une flaque d’eau. Il ne restera de lui que les habits qu’il portait et son nez nageant dans l’eau.
Merci beaucoup pour ce beau texte ma chère Giulia !
Et bien non chère Catherine le plus beau n’était pas à venir : il était déjà là !
J’ai adoré et j’ai compris que vous pouviez, en prenant sur vous, faire preuve de délicatesse (mais restez farfelue, ça vous va mieux au teint)
Bruno le poète-soignant
Cher Bruno, merci pour votre commentaire qui me touche énormément ! L’inspiration était poétique ce jour-là… Ravie que vous ayez aimé !