La révolte des bonnets rouges, de Christophe Barraud
Autant le dire tout de suite, si vous pensez, à la lecture du titre de ce livre, qu’il s’agit d’un roman social retraçant les mouvements de grève qui agitèrent la France en 2013, menés par des Bretons mécontents dont le couvre-chef en laine écarlate était devenu l’emblème, vous risquez d’être déçu ! Il suffit, heureusement, de jeter un œil à l’amusante couverture du roman de Christophe Barraud pour comprendre que les héros de son aventure ne sont autres que des nains de jardin (dont la couleur du chapeau est probablement le seul point commun avec les Bretons mécontents sus-cités).
Les nains de jardin. Voici un thème original, qui m’a tout de suite intriguée quand Christophe, sympathique auteur suisse rencontré sur les réseaux sociaux, m’a présenté son roman.
Anticipant une fable rocambolesque et drôle, je n’ai pas été déçue.
Nous voici dans le jardin de M. et Mme Glarbouis. Quadragénaires sans enfant, ils ont contracté au fil des années une étrange passion : collectionner les nains de jardin. Cette obsession ayant tout de même conduit à l’acquisition de vingt-huit individus à bonnets rouges que Mme Glarbouis adore plus que tout, elle espère remporter, cette année encore, le trophée du plus beau jardin, devant son éternelle rivale, Mme Gonnasse (on appréciera le choix des patronymes au passage).
Mais (vous soupçonnez un brusque rebondissement tragique, et vous avez raison) pendant la nuit, des voleurs s’introduisent dans le jardin et kidnappent les nains ! Du moins, pas tous les nains (vous avez déjà essayé de caler vingt-huit nains de jardin dans une trois-portes, vous ?!) mais qu’importe, car le plus sensationnel reste à venir : vous l’ignoriez sans doute, mais les nains de jardin sont des êtres vivants !
Champions toute-catégorie de l’immobilité parfaite, ils quittent leur posture figée dès que les humains ont le dos tourné pour préparer l’événement majeur qui bouleversera la planète toute entière quand il surviendra : la Grande Révolte !
Je me suis bien amusée à la lecture de ce roman drôle et sans prétention.
Les nains ont tous un caractère bien trempé et les dialogues sont souvent savoureux. Les scènes comiques et inattendues se succèdent sans temps mort. On s’attache à ces petits êtres pleins de débrouillardise et de sagesse (ou pas !), animés par un esprit de solidarité fraternelle qui se révèle souvent touchant. L’auteur a fait preuve d’inventivité pour créer son intrigue et ses personnages (dont des angelots en pierre particulièrement réussis). On finit par tout à fait oublier que ses héros sont faits de céramique… Et quand, par malheur, les dégâts sont trop irréparables pour qu’un coup de mortier suffise à les masquer (on ne fait pas une Grande Révolte sans casser des nains), on se surprend même à éprouver du chagrin !