Les tortues ne fêtent pas Noël sous la neige, de Sophie Jomain

Chaque année, c’est la même chose. Dès la fin octobre, les sapins en plastique, les guirlandes, les assiettes en carton doré et les kits de paquets-cadeaux apparaissent dans les grands magasins, signant le lancement toujours plus précoce de la saison des fêtes de fin d’année.

A peu près au même moment, fleurissent sur les chaînes de télé comme sur les étals des libraires une impressionnante cargaison de comédies de Noël, estampillées « romance » dans leur immense majorité.

Je le confesse, j’ai un petit faible pour ces romans saisonniers dégoulinants de bons sentiments.

Plus que dans tout autre genre littéraire, les codes y sont extrêmement stricts et il n’est pas question pour l’auteur d’oser y déroger, sous peine de perdre un lectorat qui désire justement retrouver ces incontournables : une héroïne stressée qui déteste Noël ; des personnages secondaires loufoques et bienveillants qui passent leur vie à préparer le réveillon ; un amour de jeunesse perdu qui ressurgit le 22 décembre et se montre absolument détestable (pour mieux préparer le moment où, deux jours plus tard, ils tomberont évidemment dans les bras l’un de l’autre) ; et, bien sûr, la météo obligatoire pour toute comédie de Noël qui se respecte : un froid polaire et de la neige à gogo.

Ceci étant posé, on comprendra mieux l’audace de Sophie Jomain, qui a choisi pour décor à sa comédie de Noël l’île de Saint Barthélémy, paradisiaque, certes, et jouissant surtout de températures estivales à l’année. Un joli défi, donc, que d’insuffler l’esprit de Noël à une histoire où tous les héros se baladent en permanence en tee-shirt et en tongs.

Rosie Ernst est une Alsacienne pur jus, qui a choisi de s’établir dans les Caraïbes à la suite d’un chagrin d’amour.

Dans un environnement de rêve, elle travaille dans une agence immobilière où elle est chargée de s’occuper des maisons de vacances des très riches propriétaires de l’île.

A l’approche des congés de fin d’année, elle croule sous le travail, ce qui ne va pourtant pas l’empêcher de faire toute une série de jolies rencontres : Henri, un adolescent mélancolique dont la passion pour les tortues donne son titre à l’ouvrage, ainsi que sa grand-mère Monica, gentiment dépassée ; la famille Claus, dont les apparitions par intermittence viennent ponctuer l’intrigue de façon légère et farfelue ; et bien sûr, le très charmant Bastien…

Comme le veut l’usage (voir précédemment), la rencontre avec ce dernier est d’abord explosive, son arrogance hérissant le poil de notre Rosie… mais c’est évidemment pour mieux lui plaire quelques pages plus loin, à la grande satisfaction du lecteur en attente d’une mignonne histoire d’amour malgré le décor atypique.

« Les tortues ne fêtent pas Noël sous la neige » est un roman charmant, aux péripéties prévisibles mais plaisantes à lire. Les personnages sont assez lisses et l’évolution de l’intrigue parfaitement attendue, mais n’est-ce pas justement ce qu’on souhaite dans ce genre de livre ?

Même s’il ne fera pas partie de mes lectures inoubliables, j’ai passé un bon moment auprès de Rosie et de ses amis. Si j’avoue que l’absence de neige m’a manqué, et que j’ai eu du mal à me projeter dans cette ambiance caniculaire alors que le thermomètre extérieur frisait les 0 degrés, « les tortues » reste une jolie romance qui peut se déguster à n’importe quel moment de l’année.

Chronique parue initialement sur le blog littéraire « Au plaisir de lire », à découvrir ICI.

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