Samouraï, de Fabrice Caro
Prenez un écrivain un tantinet dépressif, confiez-lui le gardiennage de la piscine de ses voisins.
Ajoutez une ex-femme qu’il espère encore reconquérir, même si tout laisse à penser qu’il n’y arrivera pas ; des interviews littéraires fictives menées par une Claire Chazal telle qu’on ne l’a jamais vue ; des tombereaux de romans morts-nés aux sujets les plus improbables ; de la guerre d’Espagne à la joggueuse disparue.
Continuez avec une battue dans les bois, se soldant par une seconde battue pour retrouver les volontaires engagés dans la première ; un couple d’amis obstinément décidés à jouer les agences matrimoniales au rabais et ne dégotant que des candidates absolument épouvantables.
Terminez avec des questions d’une teneur philosophique élevée (faut-il ou ne faut-il pas verser du chlore choc dans une piscine dont l’eau est verte ?) avant de déverser, dans ladite piscine, divers organismes vivants ou morts, parmi lesquels une tribu de notonectes dont le système de reproduction comme de déplacement sont de ceux qui forcent le respect.
Vous ne savez pas ce qu’est une notonecte ?
Je ne le savais pas non plus, et tout apprendre sur les mœurs de cet improbable insecte aquatique n’est qu’une seule des excellentes raisons de lire le nouveau roman de Fabrice Caro.
La langue est à la fois recherchée, précise et jubilatoire, les scènes véritablement hilarantes se succèdent, sans pour autant négliger l’émergence, par moment, d’une émotion soudaine qui cueille au vol et qui sonne juste.