Si vite que courent les crocodiles, de Béatrice Riand

Quel joli titre que celui de ce roman ! Comblée dans mon goût pour les titres longs et poétiques, j’avais hâte de lire cet ouvrage, paru aux éditions BSN Press dans la collection « Uppercut » (des histoires courtes, percutantes – le nom l’indique ! – et touchant de près ou de loin à l’univers sportif).

Ce roman singulier et inclassable a de quoi surprendre le lecteur !

J’ai été frappée par l’écriture, extrêmement travaillée, poétique, musicale. L’auteure se délecte, on le sent, du rythme des mots et des phrases. Elle use avec délices de figures de style, répétitions et anaphores, qui donnent au texte son caractère et sa puissance hypnotique. Les phrases sont denses, ponctuées presque à l’excès, comme pour accentuer la respiration syncopée de l’héroïne, confrontée à ses démons.

Car il y a, bien sûr, une héroïne. Adolescente surdouée, parachutée au niveau scolaire supérieur sans que personne ne se soit sérieusement soucié de savoir ce qu’elle en pensait, la voilà confrontée aux autres, ces crocodiles dont elle ignore les mœurs, comme la façon de les apprivoiser.

Qui saura entendre son mal-être, sa révolte ? Qui saura lui donner les clés pour se faire une place dans ce monde étranger qu’elle rejette ? Est-ce seulement possible ?

Un beau roman d’apprentissage, dont l’exigence littéraire pourra surprendre, mais qui ne manquera pas de séduire les amoureux de la langue, à la recherche d’un style soigné et envoûtant à la fois.

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