Une nuit de tempête

  • Consigne : Ecrire un texte à partir de l’image donnée
  • Personnage imposé : Un Bègue
  • Emotion imposée : La Vengeance
  • Temps d’écriture : 25 minutes

Voici mon texte.

Si vous vous sentez inspirés, n’hésitez pas à vous prêter au jeu et à poster votre texte dans les commentaires !


— His… Hiss… Hissez les voivoivoiles ! Sou… sou…. sou… souquez ferme, matetetete…

— Gustave ?

— Oui ?

— La ferme. Si tu dis un seul mot de plus, je te jette par-dessus bord. Pigé ?

— Pigé.

Avec un immense soupir, j’abandonne Gustave sur le pont du bateau et je me retire dans ma cabine pour faire le point.

Bien. Résumons.

Nous sommes le 24 décembre, je suis coincé sur un rafiot tout rouillé au milieu de l’océan Atlantique, et je vais devoir passer le réveillon en compagnie d’un bègue qui, non seulement a le mal de mer, mais ne connaît des termes de marine que ce qu’il a dû lire dans Jules Verne quand il était gamin.

« Souquez ferme ! » Bordel, qui dit « Souquez ferme » en 2021 ?! Et ne me répondez surtout pas « Ton copain bègue », sinon je vous en colle une.

J’imagine bien que vous vous demandez comment moi, Hubert de la Pattemolle de Ruinard, j’en suis arrivé là. Pour toute expérience de navigation, je ne peux que m’enorgueillir de la traversée en bouée de la piscine de mes parents, dans leur pavillon de Corcelles-près-Payerne quand j’avais six ans. Et encore, c’était dans la largeur, ma mère ayant décidé que le risque de noyade dans la longueur à bord de mon esquif empli d’air eût été trop grand.

En bref, je suis bien forcé de le reconnaître, mes compétences de marin sont à peu près inexistantes. Pour peu que la présentatrice de la météo ait eu raison en annonçant, la semaine dernière, une épouvantable succession de tempêtes dans tout l’Atlantique nord jusqu’au nouvel an, le bègue va devoir très vite se remémorer « 20000 lieues sous les mers », car c’est exactement là que nous allons finir.

Tu parles d’un réveillon !

Ce n’était pourtant pas du tout ce qui était prévu. En ce moment, je devrais me trouver à Berne avec Charlotte et les enfants, en train d’entamer les pourparlers avec mon beau-frère pour décider qui ouvrirait les huîtres. Ensuite, le chat aurait fait tomber le sapin, Charlotte aurait fait cramer la dinde et oublié de sortir la bûche du congélateur. Elle aurait fait une crise de nerfs, on aurait profité du passage aux urgences (pour suturer la main de mon beau-frère qui, d’une année sur l’autre, ne sait toujours pas ouvrir les huîtres) pour obtenir une ordonnance de Temesta pour Charlotte, et on serait rentrés à la maison juste à temps pour ouvrir les cadeaux.

Et là, au lieu de déballer tranquillement, comme chaque année, ma boîte de rochers Suchard / mon écharpe et mes gants assortis / le livre des 1000 blagues à lire quand on est aux WC édition 2021, me voilà coincé sur un bateau qui ne va pas tarder à couler, avec un bègue qui lance des ordres imaginaires à un équipage inexistant.

Et tout ça, à cause de Marie-Berthe. Car oui, si moi, Hubert de la Pattemolle de Ruinard, je me retrouve dans cette affligeante situation, c’est bien à cause d’une femme assoiffée de vengeance.

Mais rira bien qui rira le dernier ! Ses odieuses manoeuvres pour se débarrasser de moi, pour commettre le crime parfait ne resteront pas impunies. Je vais tout révéler, là, dans ce journal de bord, comme les capitaines de navire dans les romans de Jules Verne. Tout sera écrit noir sur blanc, avec tous les détails de l’affaire, et Marie-Berthe ne s’en sortira pas aussi impunément.

Pour commencer, je dois révéler, au sujet de Marie-Berthe, qu’elle a trempé dans une affaire qui, quand elle sera révélée, mettre en péril jusqu’à la sécurité de l’Etat. Elle

Ainsi s’achève le journal de bord de la Fringante Frégate, retrouvé sur une plage de Floride le 27 décembre 2021.


A lire également

3 Commentaires

  1. Mon texte:
    La vengeance ne bégaie pas

    Par une nuit de tempête, moi, Martin dit le bègue voguait sur les flots déchaînés. Mon père, un honnête homme venait d’être tué par Tom dit le cruel, mon ennemi. Mon bégaiement le faisait souvent rire, mais il fallait beaucoup pour me déstabiliser.
    Le ciel était noir. Les vagues de plusieurs mètres faisaient tanguer mon navire, une vague faillit le faire chavirer.
    – Tiens…tiens bon bon…bon ma…ma be…belle É…Écaille de mer! Lui murmurai-je avec mon bégaiement.
    J’entendis une réponse. Une voix enchanteresse la murmura.
    – Ô mon Capitaine, écoute-moi. Face à l’ennemi, les mots sont tes armes.
    Le phare me montrait la voie. Une fois sur la terre ferme, j’amarrai mon cher rafiot , bondit sur le quai et brandi mon épée. Je cherchai Tom. L’homme aux cheveux noirs se trouvait dans une taverne. Une bagarre éclata, lui au milieu.
    Je l’attrapai et le menaçai de ma lame, le poussant dehors.
    – Tu…tu as…as. Commençai-je à articuler.
    – Quoi ? Qu’est-ce que tu me veux ? J’ai d’autres chats à fouetter ! Répliqua-t’il.
    – …As…as tu..tuer mon pé…père. Je continuai.
    – Oh ton papa chéri est mort ? J’en suis navré. Ricana cet imbécile.
    – Tu vas…vas pay..payer pou…pour ton…ton ge…geste! Je m’énervai.
    – Tu veux le venger ? Commence d’abord par parler ju…juste ! Ce moqua-t’il.
    Je lui envoyai un coup, mais je n’avais pas pensé que ses marins viendraient l’aider. Je perdis mon épée entre le quai et mon bateau. Je me retrouvai sans défense. Face à dix hommes armés jusqu’aux dents. Ma détermination fondit comme neige au soleil. Une voix étrange me parla.
    – Ô mon Capitaine n’oublie pas la vengeance ne bégaie pas. Sert-toi de cette force pour tromper l’ennemi.
    Je retournai à l’attaque.
    – Tu en veux encore ? Rit Tom.
    – Tu…tu vas-vas pay…payer pour…pour…
    – Pourquoi ?
    – Ô mon Capitaine écoute mes conseils.
    – Les mo…mots te détruiront ! Je réussis à dire sans trop bégayer.
    – Hein, mais qu’est-ce que tu racontes ?
    La tempêtes que j’avais essuyé projeta une vague sur l’homme et l’engloutit.
    – Ô mon Capitaine, tu m’as enfin écouté. Ton père est vengé. N’oublie jamais que ton handicape est ta force. Les mots répétés peuvent te servir d’arme ou de magie.
    Après ce jour, plus personne n’osa se moquer ou tenter de me blesser par n’importe quel moyen. L’Écaille de mer redevint muette. Mais je sais que si les doutes revenaient, il me suffirait de lui en parler.

Les commentaires sont fermés.