Le Chamane du Pacifique, de David Perroud
Julie Amber est une scientifique, spécialisée dans l’intelligence artificielle. Celle qu’elle a conçue, prénommée Aphrodite, est tout simplement la plus performante de la planète. Il lui manque, cependant, la capacité à ressentir des émotions et à comprendre ce qu’est l’amour, aussi intuitivement que le ferait un enfant…
Daya est un chamane, un mystique issu d’une tribu de ces peuples dits premiers, vivant en autarcie et à l’écart du monde moderne, dans ses lointaines îles perdues du Pacifique.
Jamais leurs routes n’auraient dû se croiser…
Mais Daya décide un jour de partir à la rencontre des hommes modernes, à bord d’une simple barque dans laquelle il va parcourir plusieurs milliers de kilomètres. Il s’est donné pour mission de les sensibiliser aux mauvais traitements qu’ils infligent à la planète, persuadé, avec une ingénuité touchante, qu’ils n’ont pas dû se rendre compte, par exemple, que les tonnes de plastique qu’ils déversaient dans la mer tuaient les orques et les poissons…
Voici le point de départ du nouveau roman de David Perroud, dont j’avais déjà lu et apprécié « Les âmes du temps perdu« .
Et je dois bien le dire, il y a quelque chose de spécial entre cet auteur et moi : son univers, ses univers me touchent profondément. Les concepts spirituels qu’il évoque (connexion à la Nature et au Tout, éternité de l’âme, coexistence d’innombrables univers parallèles et d’autant de futurs possibles…) m’ont tout autant passionnée dans ce livre que dans le précédent. Tel un conteur moderne, il sème ici ou là quelques avertissements, quelques conseils bienveillants que, peut-être, nous ferions bien d’écouter tant qu’il est encore temps… Quant à l’application de surveillance du sommeil que, dans le roman, les gouvernements du monde entier imposent à leurs populations, déclenchant émeutes et guerres civiles entre pro et anti, on restera libre – ou non – d’y voir certaines résonances troublantes avec une actualité bien récente…
J’avoue avoir regretté, ici encore, que l’écriture soit trop simple, trop scolaire, les personnages trop manichéens, jusque dans des réactions frisant l’incohérence, parfois, pour satisfaire les lecteurs exigeants en terme de qualité littéraire. C’est également mon cas, pourtant. Ceux qui me connaissent savent qu’il m’arrive bien souvent d’abandonner un livre que je n’estime pas « au niveau » en termes d’écriture. Mais je n’ai pas abandonné celui-là, et je lirai le suivant, j’en suis sûre.
Car le fond, ici, importe beaucoup plus que la forme.
Il serait dommage de se laisser arrêter par cette enveloppe un peu trop brute, et méconnaître les lumineux messages d’espoir que l’auteur cherche à transmettre.
Une lecture à part, qui ravira les lecteurs en recherche de sens, de profondeur et d’un brin de mysticisme.