Auteure-illustratrice-éditrice : les secrets d’un trio qui fonctionne
En rejoignant la belle maison d’édition jeunesse Auzou suisse l’an dernier, j’ai découvert un nouveau monde passionnant.
Car qui dit « jeunesse » dit illustrations !
On me demande parfois si je suis l’auteure des dessins qui accompagnent mes textes. J’en serais bien incapable !
Comment cela se passe-t-il, alors ? A chaque roman, je prépare un « brief illustrations » très détaillé à destination de l’illustratrice (jusqu’ici, je n’ai travaillé qu’avec des femmes). Choisie par l’équipe éditoriale d’Auzou, celle-ci n’est pas toujours francophone et n’a pas forcément lu le livre dans son entier. Il est donc nécessaire de détailler l’histoire (et les moments-clés qui devront faire l’objet d’une illustration), ainsi que les décors et les personnages.
Pour que l’environnement soit aussi fidèle que possible à la réalité, je joins au dossier de nombreuses photos, trouvées sur Internet ou même prises par mes soins (c’est ce que j’avais fait notamment pour « le tombeau de la reine Berthe », qui se déroulait à Payerne, et où j’étais allée faire un véritable reportage photo de l’Abbatiale).
Dans ce document de référence, j’indique aussi mes souhaits concernant le physique de mes personnages, leurs vêtements, la couleur de leurs cheveux, etc. Si vous avez lu mes romans jeunesse, vous aurez remarqué que je ne détaille pas énormément les caractéristiques physiques de mes héros. Savoir que des dessins vont accompagner l’histoire permet de se passer de descriptions qui pourraient lasser les jeunes lecteurs.
Un petit dessin vaut souvent mieux qu’un long discours !
Une fois le « brief illustrations » validé par l’éditrice, il est envoyé à l’illustratrice qui se met au travail.
Pour mon prochain roman, « Le vol de l’oeuf impérial », il s’agit d’une professionnelle britannique, Evelyn Rogers.
C’est toujours avec beaucoup d’émotion que je reçois les premières esquisses. De quelle façon mon histoire a-t-elle été perçue ? Comment la dessinatrice s’est-elle approprié mes personnages qui, à cet instant-là, deviennent aussi un peu les siens ?
Je suis très bon public, mais j’ai toujours un peu peur au moment de cliquer sur le lien vers les fichiers et de découvrir son interprétation.
Et si je n’aimais pas ?
Cette question, on me l’a déjà posée, d’ailleurs :
« Et si tu n’aimes pas, peux-tu refuser des planches, ou même demander à changer d’illustratrice ? »
Ce dernier cas de figure ne s’est heureusement jamais produit. En revanche, il m’est arrivé de faire des remarques, de demander à rectifier un détail ou un autre. Pour « Le tombeau de la reine Berthe », par exemple, j’avais fait rectifier la couleur de l’Abbatiale, dont la pierre beige-rosée ne collait pas du tout avec la réalité. Cela n’a pas posé de problème, bien au contraire ! S’agissant de collections comme les « Frissons suisses », qui ont pour caractéristiques de se dérouler dans une région ou une autre de notre pays, il est important que les monuments ou les paysages soient aussi proches que possible de la réalité !
De fait, à chaque étape, l’éditrice fait le lien et m’envoie les dessins au fur et à mesure de leur avancée. Cette communication fréquente et étroite, avec beaucoup d’écoute de part et d’autre, est un élément que j’apprécie énormément dans ma collaboration avec Auzou suisse. Si je n’ai pas toujours eu des relations aussi idéales avec certains de mes éditeurs par le passé, je souhaite sincèrement que celle-ci se prolonge aussi longtemps que possible !
Et ça va plutôt dans le bon sens, avec bientôt quatre titres publiés chez eux et deux autres en discussion avec l’équipe éditoriale !
Bientôt, je pourrai vous dévoiler les premières illustrations intérieures d’Evelyn, ainsi que la couverture du roman !
Mais aujourd’hui, je partage avec vous des documents que, pour ma part, je trouve presque plus fascinants encore : les planches d’études de personnages. C’est le tout premier contact visuel que j’ai eu avec les héros du « Vol de l’oeuf impérial »…
Et vous, qu’en pensez-vous ? Imaginiez-vous toutes ces étapes de l’ombre, avant que le livre arrive entre vos mains ? N’hésitez pas à m’écrire ou à commenter pour m’en parler !