La vie secrète des écrivains, de Guillaume Musso

Il est de bon ton, dans certains milieux littéraires, de décrier les livres de Guillaume Musso.

« Mal écrits », « romans de gare », « littérature au rabais », on en viendrait presque à ne pas oser avouer qu’on a commis le crime impardonnable d’avoir voulu en lire.

Pour ma part, j’ai horreur de cette façon de classer les romans et leurs auteurs, de leur attribuer plus ou moins de mérite selon qu’ils sont parus dans telle ou telle maison d’édition, traitent de tel ou tel sujet, ont eu – ou non – les faveurs des critiques les plus en vue et sont passés – ou non – à la Grande Librairie.

Parcourant les rayons de ma bibliothèque préférée, je suis tombée sur « La vie secrète des écrivains ». Un stylo-plume maculé de sang en couverture, un titre engageant et une promesse alléchante de quatrième :

Une lecture inoubliable, un puzzle littéraire fascinant qui se révèle diabolique lorsque l’auteur y place sa dernière pièce

Mazette.

Aussi enthousiaste que la mère de famille tombant sur une promo pour les Spaëtzle « 3 pour le prix de 2 » en tête de gondole à la Migros, j’embarque tout-de-go le Musso, me préparant psychologiquement à être « fascinée par le puzzle littéraire » de l’écrivain le plus vendu de France, donc.

Que vous dire ?

Que cela se passe sur une île fictive de Méditerranée, où les commerces rivalisent d’enseignes désopilantes, du restaurant « Les Fleurs du Malt » au « Fort de café » (il n’y a pas de piège, c’est bien un café) ; que l’île en question est habitée depuis vingt ans par un vieil écrivain misanthrope, lequel a cessé d’écrire en pleine gloire, n’entend pas se justifier et aimerait assez qu’on lui foute la paix à ce sujet ; qu’un jeune libraire – apprenti écrivain, on l’aurait parié – va décider de fouiner dans le trouble passé de son idole, en dépit des mises en garde de tout le monde (il y en a qui cherchent, je vous jure) ; que le vieil écrivain, après avoir accueilli le jeune à coups de fusil comme il se devait, lui demande soudainement de se lancer pour lui dans une enquête complètement abracadabrante ; enfin, que se croisent, dans un joyeux imbroglio, une journaliste sans-gêne et téméraire, un libraire qui n’aime que « la vraie littérature » (on ne saura pas ce qu’il pense de Musso, dommage), des trafiquants d’organes kosovars, une gentille famille parisienne et une touriste assassinées, un paysan de l’Alabama cherchant un cadeau pas cher pour son petit-fils, un jeune couple de plongeurs à Hawaï et un Golden Retriever porté disparu…

Vous avez besoin de souffler ? Moi aussi.

Dans le fond, effectivement, tous ces éléments disparates évoquent assez le puzzle promis par l’éditeur, mais à force d’éparpiller les pièces dans toutes les directions, on finit par se demander à quoi il va bien pouvoir ressembler.

Musso ayant du métier, la boucle est à peu près bouclée à la fin, et les innombrables questions soulevées au fil de l’intrigue trouvent leur réponse.

Quant à savoir si toute cette affaire alambiquée, péniblement subie par des personnages ternes et sans profondeur, saura vous fasciner comme le promet l’éditeur, bien entendu, c’est à vous de juger.

Cette chronique est parue initialement sur le blog littéraire « Au plaisir de lire » que vous pouvez découvrir ICI.

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