Les monstres, de Maud Mayeras

Vous arrive-t-il parfois, au terme d’une lecture, d’être incapable de dire si vous avez aimé le roman ou non ? C’est rarement mon cas, mais je ressors de ce livre pleine d’interrogations et, je l’avoue, un peu chamboulée.

Eine et Jung sont des monstres.

Avec leur mère, ils vivent dans le terrier, à l’abri des humains qui, s’ils les découvraient, les mettraient à mort immédiatement. A l’abri du soleil, aussi, que leur peau de monstre ne peut supporter sans brûler. Ainsi passent les jours, semblables les uns aux autres jusqu’à en perdre le compte, rythmés par les visites d’Aleph, l’immense, qui les nourrit, les élève, et leur donne du monde extérieur une vision que ni l’un ni l’autre ne songerait un seul instant à remettre en question.

Comment le pourraient-ils ? Cette vérité est la seule qu’ils aient jamais connue, la porte du terrier destinée à ne jamais être franchie.

Mais un jour, Aleph cesse de venir, puis la porte s’ouvre…

Les chapitres alternent pour l’essentiel entre le point de vue des monstres, raconté par Eine, et celui de la mère, Rosemarie, qui permet peu à peu de comprendre les origines du drame. Car c’est un drame, indéniablement, un récit d’une noirceur aussi insoutenable que fascinante dont l’issue est tout aussi tragique. Très bien écrit, « Les monstres » met en scène des personnages remarquablement crédibles sur le plan psychologique, ce qui n’en rend que plus poignante leur histoire.

Ce roman, qui fait écho à l’horreur de certains faits divers plus ou moins récents ayant fait la Une de l’actualité, n’est pas de ceux qu’on oublie. L’absence totale de lumière ou d’espoir, perçant les ténèbres, en a rendu pour moi la lecture éprouvante.

La vie est ainsi, parfois, cruelle et sans merci, et dans ses sombres recoins, les monstres sont terrés.

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