Malatraix, d’Emmanuelle Robert
A l’heure où le deuxième roman d’Emmanuelle Robert, « Dormez en Peilz », vient de paraître aux éditions Slatkine, il était grand temps de parler enfin du premier, que j’ai lu, honte à moi, il y a déjà plusieurs mois.
J’ai fait la connaissance de l’auteure au salon du Polar de Moutier en 2022. Invitées dans le cadre de notre sélection au Prix du polar romand 2022, nous avons tout de suite sympathisé. Emmanuelle est en effet une personne adorable, vive, dynamique et drôle. Un petit brin de femme qu’on n’imagine pas vraiment, de prime abord, lancée dans des courses de plusieurs dizaines de kilomètres à travers la montagne.
C’est pourtant bien ce qu’elle fait, quand elle n’écrit pas, bien sûr. Adepte de la course à pied et du trail, elle a choisi ce sport comme toile de fond de son roman. Pour le décor, ce sont les montagnes proches de Montreux, sa ville natale, où elle a décidé de faire évoluer – et mourir – ses personnages.
Eh oui, il ne faudrait pas se méprendre !
Si Malatraix est le nom d’un lieu enchanteur, dixit Emmanuelle, les événements qui s’y déroulent sont particulièrement affreux : une adepte du trail, prénommée Catherine (mauvais choix, Emmanuelle, mauvais choix !) fait une chute mortelle lors d’une course en altitude. Il semble bientôt évident qu’il ne s’agit pas d’un accident, et que le tueur – car tueur il y a – est déterminé à éliminer tous les coureurs vulgaires en tenue fluo qui, selon lui, dénaturent le paysage et ne respectent pas ses sacro-saintes montagnes. Un mobile original pour un assassin atypique, qui n’a pas grand chose à perdre pour des raisons qu’on finira par comprendre…
Si j’ajoute que l’intrigue se situe pendant la pandémie de covid 19, on comprendra que le malheureux tueur ne sache plus où donner de la tête, avec tous ces Vaudois au chômage technique qui vont crapahuter sur les chemins d’altitude, pour s’évader un peu de la pesante atmosphère confinée qui sévit plus bas.
Les chapitres sont courts, l’écriture dynamique et vive.
On ne s’ennuie pas une seconde, mais attention, la concentration est de mise ! Les personnages sont nombreux et leurs liens parfois complexes, mais c’est bien les fils de cette trame subtilement entrelacés qui font tout le sel de ce premier roman réussi !
Pour son deuxième opus, qui vient de paraître, le lecteur retrouvera avec plaisir certains des personnages de Malatraix et un contexte sportif nouveau, celui de la plongée que, vous vous en doutiez, l’infatigable Emmanuelle pratique évidemment !