22/11/63, de Stephen King
Stephen King compte parmi les écrivains qui m’ont fait aimer la lecture, et sans doute, dans une mesure moindre, qui m’ont poussée à écrire moi-même.
Si je n’ai pas lu toute son œuvre, loin s’en faut, je commence à avoir lu un assez grand nombre de ses romans pour affirmer que, dans mon cas, certains fonctionnent et d’autres, pas du tout. Si je place au-dessus de tous le recueil « Différentes saisons », et si « Joyland », « Après » ou « Mister Sleep » ne m’ont pas particulièrement plu, « 22/11/63 » est, à mon avis, une totale réussite.
Certes, il faudra vous armer de courage et de patience pour venir à bout de cette brique de près de mille pages. Il ne faudra pas non plus craindre les digressions, les histoires dans l’histoire, la lenteur d’une intrigue qui – ceci expliquant sans doute cela – se déroule sur cinq ans.
Jake Epping est un professeur de lycée sans histoire. Alors qu’il rend innocemment visite à son ami patron de bar, celui-ci l’entraîne dans l’arrière-boutique. Là, sans beaucoup de ménagement, il lui explique 1. qu’il y a une faille spatio-temporelle située entre le congélateur et l’étagère de bocaux de légumes, et 2. que ce serait chouette qu’il passe par là pour empêcher l’assassinat de Kennedy.
Parce que, quand même, de la mort de Kennedy, découlent tous les malheurs du monde, à commencer par la guerre du Vietnam que n’importe quel Américain normalement patriote aurait à cœur d’annuler s’il en avait l’occasion.
Moyennement enthousiaste de prime abord, le professeur que rien de bien palpitant ne retient en 2012 finit par se laisser convaincre. Le seul hic, c’est que le passage débouche invariablement sur la même date, en 1958. Pour empêcher Lee Harvey Oswald de réussir son coup, Epping va donc devoir s’occuper pendant cinq ans…
Bien sûr, pour me vendre un bouquin qui parle de voyage dans le temps, il ne faut pas beaucoup forcer. Néanmoins, ce roman est à mon sens une totale réussite. Un héros et des personnages secondaires comme toujours attachants, une Amérique des années 1960 si bien rendue qu’on s’y croirait et une intrigue ciselée, intelligente et terriblement bien ficelée. Les faits historiques sont impeccablement documentés et astucieusement utilisés, pour mêler à la fiction la réalité des livres d’histoire, mais aussi celle qu’on connaît moins, voire pas du tout.
En bref, du très grand Stephen King, celui que je préfère, ni sanglant, ni totalement à classer dans le registre fantastique, mais plutôt d’un roman d’aventures absolument passionnant.