La maison des voix, de Donato Carrisi

De Donato Carrisi, l’auteur italien mondialement connu pour ses thrillers haletants, je n’avais lu que son premier et plus célèbre roman, « Le Chuchoteur », récompensé par plusieurs prix internationaux (dont le prix SNCF du polar européen en 2011). N’étant pas une grande amatrice de polars, j’en étais restée là avec l’œuvre de M. Carrisi, mais son dernier roman, « La maison des voix », a éveillé ma curiosité.

Le titre énigmatique pourrait suggérer que c’est à une histoire de fantômes qu’on va avoir affaire, et le début du roman le laisse aussi penser.

Il s’agit pourtant bien d’un thriller, immersif dès son prologue particulièrement efficace.

Qui est cette étrange fillette dont personne, à part son papa et sa maman, « ne connaît le prénom dans le monde des vivants » ? Qui sont les étrangers qui la traquent, elle et sa famille, et dont elle entend les murmures autour de sa maison ?

L’auteur maîtrise parfaitement son suspense et nous entraîne ensuite, sans répondre à ces angoissantes questions, sur les traces de Pietro Gerber, un psychologue pour enfants florentin. Spécialiste de l’hypnose – ce qui lui a valu son surnom d’ « Endormeur d’enfants » – il est contacté par une consœur australienne afin de poursuivre la thérapie d’une de ses patientes, récemment arrivée en Italie : Hannah Hall.

Les réticences que le thérapeute éprouve à prendre en charge une adulte sont rapidement vaincues par sa fascination pour cette femme tourmentée. Hannah Hall est persuadée qu’elle a assassiné son petit frère quand elle était enfant, mais Gerber va vite comprendre que ce meurtre supposé n’est pas le seul secret qu’elle lui cache…

De séance en séance, le lecteur plonge dans le passé d’Hannah.

Aux souvenirs qu’elle décrit, avec le regard d’enfant qui était le sien à dix ans, se superpose l’histoire personnelle de son psychothérapeute et ses propres traumatismes enfouis.

Et si l’irruption d’Hannah dans la vie de Gerber n’était pas due uniquement au hasard ?

Donato Carrisi connaît son affaire, et maîtrise à la perfection les ressorts d’une intrigue addictive. Les rebondissements s’enchaînent, et les coups de théâtre se succèdent sans explication rationnelle, en apparence au moins.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman dont j’avais hâte de connaître le dénouement.

L’écriture est sobre, efficace, les personnages bien dépeints et crédibles. On pourra peut-être regretter que les introspections d’Hannah enfant soient parfois trop élaborées, son langage trop recherché pour une fillette de dix ans. Par ailleurs, les ficelles sont, quelquefois, un peu trop grosses à mon goût, notamment le coup de théâtre final concernant le mystérieux secret de Gerber. Cette intrigue secondaire, intriquée à la première, m’a semblée un peu surfaite et artificielle, comme si l’auteur avait voulu étoffer encore un mystère qui n’en avait pas besoin.

Malgré ces petits bémols, « la maison des voix » est un roman captivant et original que je conseille aux adeptes de thrillers psychologiques, ainsi qu’à tous ceux que l’hypnose et les mystères de l’inconscient fascinent.

Cette chronique est parue initialement sur le blog « Au plaisir de lire » (l’original est à découvrir ICI)

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