Libres dans leur tête, de Stéphanie Castillo-Soler
Lorsque Stéphanie m’a proposé de m’envoyer son roman en service presse, j’ai accepté avec plaisir.
J’étais curieuse de découvrir sa plume, que j’apprécie en tant que chroniqueuse sur bookstagram, où ses analyses littéraires fines et sans concession m’ont bien souvent conduite à faire déraisonnablement exploser ma Pile A Lire.
De son premier roman, je savais peu de choses, hormis qu’il se passait dans l’univers carcéral. C’est donc sans à priori particulier que j’ai entamé ma lecture.
« Libres dans leur tête » est avant tout l’histoire d’une rencontre. Celle de Romain et Laurent, âgés tous deux d’une vingtaine d’années, qui se retrouvent enfermés dans la même cellule après avoir commis un crime. Leurs caractères sont diamétralement opposés : Romain est naïf, manque d’assurance et de confiance en lui ; issu d’un milieu modeste, abandonné par sa mère et placé en famille d’accueil depuis l’enfance, il a peu d’estime de lui-même et s’est laissé entraîner sur la mauvaise pente par ses fréquentations douteuses. Laurent, au contraire, vient d’une famille bourgeoise. S’il a tué, c’était par vengeance, pour défendre sa sœur ; hautain, arrogant, il accueille le nouveau-venu avec froideur et ne fait rien pour le mettre à l’aise…
Cette relation, aussi mal partie qu’elle soit, va pourtant bel et bien évoluer vers une jolie histoire d’amitié entre les deux garçons.
C’est davantage le portrait des deux héros et leur évolution psychologique que l’auteure s’est attachée à décrire, plutôt que la réalité violente et brute du milieu carcéral. D’aucuns pourront lui reprocher ce parti-pris, cette vision idéalisée d’un microcosme où, à la lecture de ce roman plein de bons sentiments, on se prendrait presque à rêver de séjourner… Mais il ne s’agit ni d’un témoignage, ni d’un documentaire sur le quotidien des prisons françaises, et encore moins d’un thriller. Cet avertissement posé, le lecteur pourra mettre de côté le manque de réalisme de l’environnement pour se concentrer sur l’intrigue et ses protagonistes. En effet, les personnages sont attachants, leurs caractères nuancés, leurs réactions intéressantes et plutôt crédibles, même dans cet environnement ouaté et sans réelle adversité. L’écriture est agréable, le style plutôt soutenu pour une histoire d’amitié finalement assez classique, mais touchante. La fin, tout aussi attendue, malgré une certaine ingénuité là encore, est joliment teintée d’espoir, mettant en avant des valeurs positives comme le pardon, la rédemption et la résilience.