Nous rêvions juste de liberté, de Henri Loevenbruck

Hugo, un adolescent paumé, en rupture avec ses parents, se lie d’amitié avec trois jeunes de son lycée, marginaux comme lui : Freddy, Alex et Oscar. Avec eux, il découvre enfin l’émotion d’être intégré au sein d’un groupe, de se sentir membre d’une famille, d’un clan.

Après quelques frasques prévisibles, ils finissent de façon non moins cohérente en centre de redressement pour mineurs, une expérience qui ne fera que resserrer leurs liens et les souder dans leur haine du système bourgeois et dans leur soif de liberté.

C’est ainsi que la bande à Bohem – le nouveau nom de guerre d’Hugo – part à l’aventure en moto, en direction de l’ouest et d’une hypothétique rencontre avec le frère de l’un d’eux, un prétexte dont personne n’est vraiment dupe. Le petit groupe est néanmoins amputé d’un membre, puisque Freddy ne suivra pas, un manque qui obsèdera Bohem tout au long du roman et dont j’ai trouvé dommage qu’il ne soit pas davantage développé.

Ce livre, encensé sur les réseaux sociaux, se lit rapidement.

Par les yeux de Bohem, le lecteur participe à ce road-trip sur deux roues, émaillé de multiples rebondissements où la violence, la drogue, l’alcool et le sexe constituent les fils conducteurs quasiment exclusifs du récit.

Si j’ai suivi sans déplaisir cette virée motarde, en dépit d’un certain manque de vraisemblance, je ne me suis pas attachée à ces gamins en rupture qui prônent les valeurs de « loyauté, honneur et respect » mais n’ont, en vérité, pas la moindre morale… Les pérégrinations de cette « fratrie du bitume » ne sont, certes, pas dénuées d’un certain charme, mais le dernier tiers du roman m’a semblé long, pour amener à une chute prévisible qui ne m’a – logiquement – pas émue non plus.

Le style, très fluide, est panaché d’étranges irruptions du langage parlé dans une prose globalement assez soutenue, ce qui m’a souvent déroutée. Par ailleurs, je dois dire que j’ai été choquée par le rôle réservé aux femmes, réduites dans leur ensemble à de gentils objets sexuels partagés entre tous ces messieurs…

En somme, un roman plutôt sombre sur l’adolescence, l’amitié, les espoirs et les déceptions cruelles de héros sans repères, qui tentent de s’inventer un idéal pour ne pas sombrer tout à fait.

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