Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie, de Virginie Grimaldi
Après avoir découvert récemment (et avec plus ou moins de bonheur) la plume d’Agnès Martin-Lugand, je continue mon exploration des romancières les plus en vue de la scène littéraire française. Grâce à ma copine bookstagrammeuse @Za_book, j’ai – enfin – lu mon premier roman de Virginie Grimaldi.
La première scène plante le décor
Pauline ne s’est toujours pas remise du départ de son mari. Ben et elle avaient pourtant tout du couple idéal. Amoureuse comme au premier jour du père de son petit Jules, elle n’a rien compris, rien vu venir. Bien qu’il soit parti depuis plusieurs mois, elle refuse toujours d’accepter la rupture, espère encore qu’il revienne.
Dans l’espoir qu’il se rende à la raison, elle décide de lui écrire
Alors qu’elle passe, un peu contrainte et forcée, des vacances estivales avec sa famille au grand complet, elle envoie chaque jour à son mari une lettre relatant un de leurs souvenirs ; des moments tendres, doux, drôles et qui, espère-t-elle, lui feront comprendre tout le bonheur qu’il leur reste encore à vivre ensemble.
Ces brèves missives s’intercalent avec le quotidien à la « maison de la plage », les disputes, les tensions mais aussi les moments d’affection et d’intimité entre les quatre générations réunies sous le même toit. Dans la deuxième partie du roman, Ben choisit de répondre à Pauline en lui livrant, à son tour, les souvenirs qu’elle a « oubliés ». Une construction en miroir que j’ai trouvée originale et particulièrement habile, car elle éclaire l’histoire et les personnages d’un jour tout à fait nouveau.
Voilà le type de roman « tout ou rien » où tout se joue, ou presque, dans la qualité de la plume et la subtilité de l’intrigue
Dans le cas d’Agnès Martin-Lugand, que je citais plus haut, le pari n’avait, de mon point de vue, été que très partiellement tenu. Ce n’est en revanche pas le cas de Virginie Grimaldi.
D’un événement tristement banal – une rupture – de situations mille fois lues et relues – des vacances familiales en mode « tribu » – elle tire un beau roman, plein de tendresse et d’émotion. Les personnages, principaux comme secondaires, sont réussis et crédibles. Leurs réactions sonnent juste, comme leurs caractères souvent en demi-teinte, à l’image de la vie où rien n’est blanc ou noir.
« Mais tu ne laisses rien passer, toi, pas vrai ? Je vais t’éviter des désillusions : on est tous faillibles. Je ne suis pas parfaite, ta sœur n’est pas parfaite, ton père n’est pas parfait. Et tu veux un scoop ? Toi non plus, tu n’es pas parfaite. Alors, si tu pouvais arrêter de pointer les défauts de tout le monde, ça nous ferait des vacances ! »
Les moments dramatiques – il y en a – sont traités sans pathos excessif, et les traits d’humour – nombreux – sont bien placés et efficaces.
« Je les soupçonne d’avoir choisi les prénoms de leurs enfants (Milan, Sydney, Nouméa) en pointant leur doigt au hasard sur un globe terrestre. Dieu merci, ils ne sont pas tombés sur Noisy-Le-Sec. »
La plume est enlevée, souvent drôle, l’équilibre entre ombre et lumière justement dosé. Il émane de cette histoire très simple beaucoup de bienveillance, d’optimisme et d’espoir.
« Ce n’est pas parce que cela ne finit pas comme l’on veut, que cela finit mal. »