Comment bien préparer sa dédicace en salon ?
A l’époque où j’étais exclusivement publiée en maison d’édition traditionnelle, je ne me posais pas vraiment de questions :
Lorsque j’étais invitée à un salon, je me contentais de noter la date dans mon agenda et de me présenter à l’accueil de la manifestation le jour J. Ma table de dédicace m’attendait, les livres déjà installés harmonieusement par les bénévoles qui étaient aux petits soins et se chargeaient de tout, de l’approvisionnement des stocks à l’encaissement des romans achetés par les visiteurs, en passant par l’étape indispensable : assurer le maintien constant des réserves en eau et en café !
Ces conditions confortables sont toujours de mise dans les salons auxquels je participe avec mes maisons d’édition, bien sûr, notamment Auzou suisse et bientôt Slatkine…
Mais en choisissant d’auto-éditer certains de mes romans (et notamment ma série Emma Paddington), j’ai dû apprendre à m’occuper moi-même des préparatifs en amont des salons, afin que tout soit parfait !
Pour certains salons, les différentes étapes peuvent même s’étaler sur plusieurs mois !
Les procédures d’inscription
Pour les salons où je ne suis pas invitée et où je réserve un stand d’exposition (le plus souvent payant). Dans le cas de certaines manifestations prestigieuses, l’admission se fait sur dossier, parfois jusqu’à un an avant l’événement.
L’organisation logistique
Il faut penser au déplacement, même si la voiture est quasiment obligatoire : il faut un grand coffre pour caser les livres et le matériel !
Selon le lieu et la durée du salon, il est important de réserver un hébergement, parfois des mois à l’avance pour les festivals très courus.
Il faut aussi s’occuper des démarches auprès de l’employeur (vous savez, le fameux job alimentaire…) pour prendre un ou plusieurs jours de congés si nécessaire. Pour ma part, j’ai la chance de travailler seulement en début de semaine et d’avoir mes week-ends libres, mais dans certains très gros événements (comme le Salon du livre de Genève où je serai en dédicace quasi non-stop pendant 4 jours), j’ai posé un jour de congé le lendemain.
La communication
J’annonce chacune de mes dédicaces très à l’avance sur la page dédiée de mon site. Sur les réseaux sociaux, j’en parle en général dans la semaine qui précède l’événement (ainsi que dans la Newsletter, bien sûr)
La gestion du stock
En dédicace, avoir des livres à vendre, c’est mieux !
Dans les salons où j’expose en indépendante, c’est à moi d’apporter les livres, ce qui sous-entend : disposer d’un stock d’ouvrages suffisant (donc, penser à les commander à l’avance à l’imprimeur) et essayer d’estimer au plus réaliste le nombre à charger dans le coffre de la voiture. Cette étape-là est souvent la plus complexe, surtout quand, comme moi, il y a une quinzaine de bouquins au catalogue ! Mais il n’y a rien de pire que de ne plus avoir de romans avant la fin d’un salon et de rater des ventes…
Donc, j’emporte toujours beaucoup : minimum 20 exemplaires de chacun de mes titres phares (le tome 1 d’Emma Paddington, Les Inexistants, les romans jeunesse…) et une dizaine pour chacun des autres. Cela fait vite du poids !
Avec le temps, je me suis équipée correctement : caisses étanches pour les salons en extérieur, diable et sangles pour le transport depuis le parking jusqu’à la table. Eh oui, il faut vraiment penser à tout !
La décoration du stand
Quand j’ai débuté, je ne prêtais pas vraiment attention à ces questions.
Il faut dire que dans la plupart des « grands » salons, la présentation des romans est plutôt minimaliste : une table, des bouquins alignés et un auteur plus ou moins crispé posé derrière, et c’est tout ! Mais je me suis vite aperçu que la déco était un élément indispensable pour se démarquer et capter l’attention du visiteur.
De même que la couverture d’un roman donne ou non envie de le lire, l’aspect d’un stand est le premier contact visuel avec le lecteur. C’est important qu’il soit joli, et bien organisé. Bien souvent, on manque de place et on doit partager une table avec d’autres auteurs. Si j’en ai la possibilité, je réserve un stand de 2 mètres linéaires pour pouvoir prendre mes aises, mais certains salons ne proposent pas cette option. Dans ce cas, pas le choix : il faut tabler sur la hauteur ! Petits chevalets pour bien exposer les livres à la vue, même de loin, caisses en bois qu’on peut empiler pour gagner de la place (le challenge étant de ne pas totalement disparaître derrière), tout est permis en faisant preuve d’un peu de débrouille et d’inventivité.
Par ailleurs, j’emporte de petits objets décos pour égayer ma table : j’ai fait des razzias dans les magasins type foirefouille ou Gifi au moment d’Halloween, pour acheter sans me ruiner pleins de petites sorcières, fantômes et autres dragons tout à fait adaptés à l’atmosphère d’Emma Paddington. J’aime aussi beaucoup les guirlandes lumineuses, même si l’effet est surtout bluffant sur les marchés de Noël en extérieur, quand arrive la nuit… Grâce à des amies, j’ai même de la déco personnalisée : un magnifique Swift (le dragon télescopique d’Emma Paddington) en crochet réalisé par Isabelle, et une bougie « Emma » confectionnée par Mélaine. J’ai aussi un Swift en pâte Fimo que j’ai fabriqué moi-même, à mes heures perdues…
Tous ces détails attirent l’oeil et font la différence, je l’ai vraiment constaté !
En plus, indispensable : la jolie nappe, et une autre caisse à placer fond vers l’avant, pour cacher les outils moins esthétiques comme le carnet de stock, les stylos, la caisse ou l’appareil à carte bancaire !
Enfin, pour les salons spécialisés en littérature de l’imaginaire, l’auteur est souvent tenu de porter un déguisement… Chapeau de sorcière et maquillage de circonstance font partie du décor !
Le matériel de promo
Là aussi, je ne me suis vraiment rendu compte de son importance qu’en devenant indépendante. Les marque-pages personnalisés sont toujours très appréciés par les lecteurs, dont certains les collectionnent. Je les offre pour tout achat de livre, mais je ne les distribue plus gratuitement comme je le faisais au début : on se fait vite dévaliser par des personnes qui les prennent au passage, parfois sans même vous jeter un regard… Outre qu’il est esthétique et assorti au livre, le marque-page permet d’insérer pleins d’infos importantes et des liens vers mon site ou ma boutique (vivent les QR codes !)
Pour diffuser les infos, notamment aux visiteurs hésitants ou ceux qui font du repérage – très nombreux sur les salons, surtout quand il y a beaucoup d’auteurs – j’ai fait faire des flyers que je distribue toujours très largement. On y voit tous mes romans, les adresses de mon site, de ma boutique, ainsi que la possibilité de s’inscrire directement à la Newsletter pour recevoir une nouvelle gratuite, et pleins d’infos en avant-première. Cela fonctionne très bien, les gens apprécient !
J’ai récemment fait faire un kakémono. Vous savez, ce grand totem de présentation en toile cirée, qu’on installe derrière la table et qui se voit de très loin ! Après avoir fait les Imaginales en 2023 où, sur le stand de BOD, j’étais la seule auteure à ne pas en avoir, je me suis dit qu’il était temps d’investir ! Je ne le regrette pas, je trouve ce panneau publicitaire du meilleur effet. Je n’y ai mis que mon nom, ma tête et une phrase d’accroche, afin de l’utiliser plus longtemps que si j’y avais fait imprimer les couvertures de mes romans. Ainsi, il reste d’actualité (même si j’ai changé de lunettes !)
Enfin, je garde toujours sous le coude quelques bonnes vieilles cartes de visite, toujours utiles quand on croise un éditeur, un blogueur ou un journaliste !
La question des sous
Quand il n’y a pas de libraire ni de caisse centralisée, chaque auteur s’occupe de gérer la question des sous, moins poétique mais quand même importante, hein !
Comme beaucoup d’auteurs, j’utilise un boîtier de paiement sum-up, super pratique, qui permet d’accepter les cartes bancaires avec un boîtier spécial relié à une application sur le téléphone. Il n’y a aucun abonnement, juste une commission à chaque transaction, c’est donc un vrai plus.
Bien sûr, certains clients préfèrent régler en espèces, il faut donc se munir de monnaie (en essayant, quand on est libre de fixer ses tarifs comme c’est le cas en Suisse, de faire des prix ronds pour ne pas s’embêter la vie avec les centimes…).
En Suisse, nous avons le système TWINT, une application de paiement par téléphone dont presque tout le monde est équipé. En salon, c’est de loin le plus pratique ! J’ai imprimé des petits panneaux plastifiés avec mon numéro de téléphone, bien en vue sur le stand. Les clients apprécient !
Les autres petits indispensables
Prévoir, bien sûr, des stylos qui fonctionnent, des vêtements chauds en extérieur (surtout en hiver, où un paillasson pour y poser les pieds et s’épargner le froid d’un sol gelé peut sauver des vies – merci Charlene Kobel pour le tuyau -), à boire et éventuellement à grignoter. Ne pas oublier son téléphone portable (ni de faire les photos pour la com post-salon), avec une coque munie d’un cordon – j’en ai une que je n’utilise qu’en salon – afin de l’avoir toujours à portée de main sans s’encombrer les mains, justement !
Avoir en tête un argumentaire pour chacun de ses romans, plus ou moins long et adaptable selon l’intérêt manifesté par le visiteur. Dans le même ordre d’idée, réfléchir à plusieurs phrases de dédicace différentes pour chaque roman : quand deux copines viennent ensemble et achètent le même titre, c’est plus sympa qu’elles n’aient pas exactement la même dédicace avec juste un prénom différent !
Enfin, être souriant, dynamique et proactive, oser interpeller gentiment les gens et surtout, se tenir le plus souvent possible debout, ce qui est beaucoup plus incitatif pour les visiteurs !