Jeu d’écriture : une photographie
Aujourd’hui, je vous propose un petit jeu d’écriture d’après une photo.
Pour corser un peu l’exercice, vous devrez non seulement vous inspirer de l’image pour écrire un texte de fiction en 25 minutes, mais aussi placer les mots suivants, dans l’ordre (conjugaison, modification de genre et de nombre autorisées)
malade – audacieux – lent – sourcil – compter
N’hésitez pas à poster votre texte dans les commentaires afin de le partager avec tous les autres visiteurs de la page, ou à me l’envoyer par mail si vous êtes plus timide.
Je serai ravie de vous lire !
Voici l’histoire que cette photo m’a inspirée :
Gilles n’avait pas choisi d’être malade. Evidemment.
Qui déciderait, s’il en avait l’opportunité, de devenir paraplégique, franchement ? Cette saleté de myopathie lui était tombée dessus alors qu’il avait à peine quinze ans, et était en passe de devenir champion de Suisse d’athlétisme. Si cette calamité ne lui était pas arrivée, il aurait certainement été sélectionné pour les Jeux Olympiques de l’année suivante, où il aurait eu toutes les chances de remporter l’or, d’après son entraîneur.
Et puis, le diagnostic.
Il se souvenait encore de l’indifférence du spécialiste, de son regard chassieux, de son haleine empestant le tabac froid et de la violence avec laquelle il lui avait annoncé que les douleurs dans ses genoux et ses chevilles n’étaient pas liées à une tendinite ni à un surmenage articulaire, comme son entraîneur avait longtemps voulu le croire.
Avec impatience, il lorgnait vers son carnet de rendez-vous, agacé par cette consultation qui s’éternisait. Il se fichait bien que la mère de Gilles soit en pleurs, que son père, anéanti, réclame des explications. Sans doute estimait-il, ce grand spécialiste, qu’un ouvrier soudeur ne pouvait rien entendre aux choses de la médecine, qu’il perdrait son temps en essayant de lui expliquer le pourquoi et le comment.
— D’ici six mois, votre gamin ne marchera plus, avait-il fini par asséner, coupant la parole au père qui le questionnait d’un ton suppliant.
Et il avait ajouté, avec un éclair sauvage dans le regard :
— Et pour ce qui est des Jeux, il va sans dire qu’il peut faire tout de suite une croix dessus !
Le salaud ! Comme Gilles l’avait haï ! Comme il lui en avait voulu de la cruauté de l’annonce, d’abord, puis du fait qu’elle s’était réalisée en tout point, ainsi qu’il l’avait dit. A seize ans, le jeune homme audacieux et promis à un bel avenir n’était plus que l’ombre de lui-même, condamné à ne se déplacer qu’en fauteuil roulant.
Qu’il s’était détesté d’être si lent, si souffrant, si inutile, en somme !
Il n’avait plus d’objectif, plus d’espoir… A quoi bon vivre, si c’était dans ces conditions ? Il s’était replié sur lui-même, avait renoncé aux études, aux amis, avait tourné le dos à sa famille. Par sa mauvaise humeur et son agressivité, il avait repoussé tous les gens qui l’aimaient.
Et puis, un jour, on frappa à sa porte.
Il roula laborieusement avec le fauteuil jusqu’au seuil de l’appartement avant d’aboyer, à travers le battant :
— Quoi ?
Une voix féminine s’éleva de l’autre côté :
— Monsieur Studer ?
— Ouais, grogna Gilles de mauvaise grâce.
— Je m’appelle Iris. On m’a dit que vous pourriez m’aider.
Gilles fronça les sourcils. Qui était cette fille ? Qui avait bien pu lui raconter une idiotie pareille ?
— Je suis qu’un invalide, je ne peux aider personne ! rugit-il à travers la porte toujours close. Foutez le camp !
— Je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien, monsieur Studer, rétorqua Iris du tac-au-tac. Vous êtes le seul capable de m’aider, alors je ne bougerai pas d’ici jusqu’à ce que vous m’ayez ouvert !
Gilles hésita. Il y avait dans la voix de la jeune fille une détermination impressionnante, qui lui faisait clairement comprendre qu’il ne se débarrasserait pas d’elle tant qu’il n’aurait pas accédé à sa demande, quelle qu’elle soit. Mais ce n’était pas l’autorité de sa mystérieuse visiteuse qui troublait le plus Gilles. C’était le sentiment qu’elle éveillait en lui : une émotion ancienne, qu’il avait crue morte depuis longtemps : de la curiosité.
Elle voulait le voir. Elle était venue pour lui. Elle attendait quelque chose de lui. Depuis combien de temps cela n’était-il pas arrivé ? Il n’eut pas à chercher beaucoup la réponse : jamais. Depuis que le neurologue avait fichu sa vie en l’air en anéantissant son avenir, il n’avait plus jamais fait confiance à personne et s’était volontairement coupé du monde. Il s’était persuadé qu’il détestait ses semblables, brandissant sa misanthropie en étendard comme si c’était pour lui la seule façon d’exister.
La haine était le seul sentiment qu’il s’autorisait, parce que personne ne lui avait donné le sentiment d’attendre quelque chose de lui.
Et maintenant, cette fille, cette Iris…
Il se mordit les lèvres, sentant ses yeux s’emplir de larmes malgré lui.
Bon sang, il n’allait pas se foutre à chialer, quand même ?
Il batailla encore quelques secondes avec lui-même, puis la curiosité fut trop forte et il ouvrit la porte.
Il se trouva nez à nez avec une jeune fille d’une quinzaine d’années, en short et maillot d’athlétisme. Elle lui adressa un sourire rayonnant, tandis que Gilles baissait les yeux, la détaillant machinalement.
C’est seulement alors qu’il se rendit compte qu’elle était amputée de la jambe gauche, au-dessus du genou.
— Mon rêve est d’aller aux Jeux Paralympiques, dit-elle calmement. Est-ce que vous allez m’aider ?
Et sans même réfléchir, Gilles répondit oui.
Jeu d’écriture : une photographie
Lors d’une émission télévisée proposant des personnes qui ont vécu des situations tragiques et qui viennent en parler pour témoigner.
– Aujourd’hui dans notre émission ”La Vie est devant vous”, nous recevons Clara. Une jeune fille “Clara” qui, suite à une maladie se retrouve sur chaise roulante.
– Bonjour Clara. comment vous sentez-vous aujourd’hui?
– Bonjour David. Disons pas trop mal. Merci.
– Pouvez-vous raconter dans quelles circonstances vous vous êtes retrouvée sur une chaise roulante?
– Cela a commencé d’une manière, banale, je dirais. Un simple refroidissement au début, comme tout le monde peut en avoir ou en a déjà eu.
Quelques jours après la fièvre, la fatigue sont arrivées. J’ai essayé de me soigner en automédication. Comme mon état s’aggravait, je me suis décidée à aller chez mon médecin. Je sais que c’était très audacieux de ma part de sortir de chez moi dans l’état où je me trouvais.
– Excusez-mois, mais un appel à un médecin qui puisse venir à la maison aurait été sûrement préférable. Mais continuez.
– A pas lents, je suis arrivée chez mon médecin. Je devais avoir vraiment mauvaise mine, car lorsque quelque chose l’intrigue, je le vois immédiatement, il soulève son sourcil droit. Ce qui fait tout suite savoir que quelque chose ne vas pas bien.
– Après les premiers examens, il m’a dit que c’était une grippe et que je devais rester à la maison bien au chaud. Il m’a donné une ordonnance. Mais au moment de me lever de ma chaise je me suis rendue compte que mes jambes me tenaient plus du tout et j’avais des vertiges.
– Ça à été rapide comme suite de grippe. As-t’il suspecté quelque chose d’autre?
– Oui il a pensé à un AIT, alors sans compter, il a appelé une ambulance.
– C’est à l’hôpital qu’ils ont pu vous rassurer quand à l’AIT?
– Oui, après beaucoup d’examens divers, mais au fond j’aurais préféré, car avec l’aspirine, le caillot de sang peut se liquéfier, alors que pour moi, ce fut le virus de la
grippe qui s’est logé dans ma moelle épinière et m’a, de ce fait, paralysée des deux jambes.
– Vous a-t-on dit si cette situation est réversible?
– Oui, malgré tout, ceci reste réversible, mais je suis consciente que ça prendra du temps.
– Merci pour avoir participé à notre émission.Je vous souhaite un très bon rétablissement. De garder un bon moral car comme le dit le nom de notre émission “La Vie est devant vous”.
Merci beaucoup chère Giulia pour ce joli texte plein d’optimisme et de courage !