La chambre des merveilles, de Julien Sandrel
Thelma est une mère célibataire d’une quarantaine d’années, dynamique et un rien débordée. Depuis des années, elle se dévoue corps et âme à son boulot au sein d’une boîte de cosmétiques, dont le patron misogyne l’exploite de façon odieuse. Même si elle adore son fils Louis, un ado de 13 ans, précoce et passionné de football, il lui arrive quelquefois de ne pas lui prêter autant d’attention qu’elle le voudrait…
Jusqu’au jour où survient l’accident.
En une fraction de seconde, toute la vie de Thelma est bouleversée. Elle réalise alors, un peu tard, qu’elle n’a peut-être pas accordé la priorité à ce qui comptait vraiment : ceux qu’elle aimait. Son fils, évidemment, plongé dans le coma, entre la vie et la mort ; mais aussi sa mère, Odette, une femme à la franchise et à l’excentricité parfois dérangeantes, dont elle s’est éloignée depuis une dizaine d’années.
Quand elle découvre, dans la chambre de Louis, son « carnet des merveilles » où il a noté tous ses rêves secrets, Thelma se lance un défi tout aussi fou : exécuter, l’un après l’autre, tous les désirs de son fils et les lui raconter pour l’aider à revenir, pour le convaincre que sa vie vaut d’être vécue.
Car, elle en est persuadée, même inanimé sur ce lit d’hôpital, Louis est toujours là et il l’entend.
Julien Sandrel a fait dans ce roman plus d’un pari risqué : le thème du comateux pas vraiment comateux n’est pas neuf et, en mettant en scène un enfant et sa mère, il aurait pu facilement sombrer dans un mélodrame insipide, mille fois lu et relu.
L’auteur réussit pourtant à éviter cet écueil et nous offre une histoire lumineuse, alternant moments franchement drôles et scènes émouvantes, sans pathos ni excès. Les héros – la mère et le fils – sont tous les deux extrêmement attachants et les personnages secondaires – la grand-mère, Charlotte l’infirmière, Edgar, le coach sportif – sont tout aussi réussis.
Bien sûr, les ressorts de l’intrigue sont légèrement abracadabrants par moments, comme la virée tokyoïte de Thelma et sa mère ou la scène concernant les seins de la prof de maths… mais l’histoire est si jolie qu’on fermera les yeux sans difficulté sur son manque de crédibilité…
Un petit bémol pour la fin qui m’a semblée rapidement expédiée, par contraste, mais qui a cependant le mérite de n’avoir pas (trop) sacrifié au cliché un peu simpliste du « tout est bien qui finit bien ».
En somme, un délicieux moment de lecture pour ce roman feel-good original et très agréablement écrit.
Chronique parue initialement sur le blog « Au plaisir de Lire », à découvrir ICI.