Ou le dernier coquelicot, de Florence Herrlemann
Florence Herrlemann sait se faire désirer. Bien loin de la fréquence de publication effrénée de certains auteurs, qui sortent un roman par an ou même plus, il aura fallu à ses lecteurs patienter quatre années après « L’appartement du dessous », un petit bijou paru aux éditions Albin Michel.
Dans ce nouvel opus, Florence opère un virage à 180 degrés et change de maison d’édition, mais aussi de genre. De blanche, sa plume vire au noir et nous offre un thriller psychologique court et intense qui, malgré ses différences, fait écho à ses deux précédents romans.
« L’appartement » était un roman épistolaire. Ce dernier coquelicot est, lui aussi, polyphonique, alternant la voix de trois personnages marquants.
Léonor, tout d’abord, parisienne quadragénaire revenue de tout, qui décide, à la première page, d’en finir avec la vie. Souhaitant tirer sa révérence loin de la capitale, elle prend la direction de la province, la voix de Bashung entretenant son spleen dans les baffles de l’autoradio… et, en fait de suicide, achète une maison sur un coup de tête !
Qui dit transaction immobilière, dit agent immobilier… et occupant précédent. Ce dernier, Joseph, est intrigant, au point qu’on se prend parfois à douter de sa réelle existence – ne serait-ce pas plutôt un spectre, un souvenir retenu entre les murs silencieux de la maison ? – et à soupçonner Florence d’avoir mâtiné son roman d’un brin de surnaturel et de fantastique… L’agent immobilier, Robert, est quant à lui bien réel, tombé sous le charme d’Eleonor dès la première minute et multipliant, lourdaud à souhait, les prétextes pour lui rendre visite…
Le décor est planté, les trois personnages s’observent et se répondent, sous l’oeil vigilant de Jack, le chien, qui est peut-être le seul à connaître tous les secrets de cette singulière propriété…
On retrouve, dans ce roman, l’atmosphère inquiétante et brumeuse qui avait fait le succès du premier roman de Florence, « Le festin du lézard », et on se laisse envoûter par le charme poétique de sa plume… jusqu’à l’explosif dénouement, aussi inattendu qu’un coup de tonnerre éclatant dans un ciel serein.