Et démuseler le bonheur, de Créoline de Venfré

J’ai rencontré Créoline de Venfré sur les réseaux sociaux. Ce sont d’abord ses posts Instagram très travaillés qui m’ont donné envie de la découvrir, et j’ai ensuite été séduite par sa gentillesse, son enthousiasme et son humour. Créoline est une personne extrêmement attachante, dont on discerne très vite la forte personnalité et les idées bien arrêtées, mais aussi la générosité et la joie de vivre.

Cela m’a naturellement poussée à commander son premier roman, « Et démuseler le bonheur », qui venait tout juste de paraître. Elle me l’a envoyé dans un colis soigné et empli de charmantes attentions : un marque-page en métal personnalisé, une gentille dédicace et – détail qui m’a fait sourire – un paquet de mouchoirs estampillé de son logo, comme pour me prévenir :

Ce livre allait me faire pleurer !

Même si, en définitive, ça n’a pas été le cas – mais il m’en faut vraiment beaucoup pour verser ma larme, cœur de pierre que je suis – j’ai été touchée par les beaux personnages que Créoline a mis en scène dans ce roman.

« Et démuseler le bonheur » est avant tout l’histoire de Tobias, un jeune garçon brillant qui, fauché dans un accident de la route, se retrouve plongé dans le coma. Alors que les médecins prédisent le pire et menacent de le débrancher, il finit par se réveiller, mais c’est pour affronter une réalité qui n’est guère plus riante : Tobias est atteint d’un Locked-in Syndrom. Prisonnier de son propre corps, il ne peut plus parler, ni se mouvoir, ni exprimer la moindre émotion autrement qu’en clignant les yeux ou en bougeant son index. Malgré sa détresse, Adama, son grand frère protecteur, veut croire qu’il finira par aller mieux, et c’est contraint et forcé qu’il se décide à sous-louer l’appartement vacant de Toby. Erin, une hôtesse de l’air en plein questionnement existentiel, répond à son annonce…

Dans des chapitres courts, on suit tour à tour chacun des trois personnages principaux dont les destins se croisent, puis se lient inextricablement jusqu’à l’inévitable dénouement…

Beaucoup de thématiques graves sont abordées, la maladie et la mort, bien sûr, mais aussi la violence conjugale, l’inceste ou les inégalités sociales, par exemple. « Et démuseler le bonheur » n’en reste pas moins une jolie histoire pleine d’amour et – malgré le sujet – d’optimisme.

La plume de Créoline est vive, ses dialogues bien écrits, le style travaillé pour que chaque personnage possède sa propre voix, sa propre façon de s’exprimer, et qu’on le reconnaisse dès la première ligne. J’ai apprécié l’humour très présent sans être lourd, bienvenu pour contrebalancer le côté dramatique du propos.

Même si la dernière partie du roman m’a moins convaincue, notamment en ce qui concerne les choix et les réactions de Tobias, ce fut néanmoins une lecture agréable, rythmée, en bonus, par les petites notes de l’auteure semées au fil des pages (uniquement dans la version brochée envoyée par ses soins). Mention spéciale aux illustrations (la licorne !) et aux effets de mise en page très personnels et pleins d’originalité.

Cette chronique est initialement parue sur le blog « Au plaisir de Lire », vous pouvez la découvrir ICI.

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