Rien ne t’efface, de Michel Bussi
J’entretiens un rapport compliqué avec M. Bussi. Le seul roman de lui que j’ai réussi à finir était « Un avion sans elle », dont j’avais trouvé le dénouement attendu et décevant. « Les Nymphéas noirs » m’avaient tellement ennuyée que j’avais lâché au premier tiers ; un comble, pour l’amatrice d’art et de peinture que je suis ! J’avais alors conclu que cet auteur n’était définitivement pas pour moi.
Néanmoins, vous savez ce qu’on dit à propos des gens qui ne changent pas d’avis.
Quand « Rien ne t’efface » est paru, j’ai décidé de me laisser tenter une dernière fois. Le roman débutait au Pays Basque, terre de mes origines, et le résumé avait tout pour me plaire.
Maddi, médecin généraliste à Saint-Jean-de-Luz, élève seule son fils Esteban, âgé de 10 ans. Le jour de l’anniversaire du garçonnet, ils se rendent à la plage puis, comme chaque jour, la mère rentre seule pendant que l’enfant se rend à la boulangerie.
Il ne reviendra jamais.
Folle de douleur, Maddi finit pourtant par se résoudre à déménager et à refaire sa vie, mais rien ne peut lui faire oublier la disparition d’Esteban. Dix ans plus tard, alors qu’elle revient en pèlerinage sur les lieux du drame, l’impensable se produit : sur la plage où son fils s’est volatilisé jadis, un petit garçon joue dans le sable. Même corpulence, même silhouette, même visage… jusqu’à son maillot de bain, le petit Tom est le sosie parfait de son fils perdu.
Déboussolée, Maddi mène l’enquête et apprend qu’il vit en Auvergne, à Murol.
Contre toute raison, persuadée qu’Esteban est de retour, elle n’hésite pas à partir s’installer dans le village auvergnat, prête à tout pour élucider le mystère et retrouver enfin son enfant adoré.
En dévoiler davantage gâcherait le plaisir des lecteurs, aussi je m’en tiendrai là pour les détails de l’intrigue. Si on peut dire une chose de Michel Bussi, c’est qu’il sait créer le suspense ; les personnages se succèdent, parfois (souvent) caricaturaux mais plutôt attachants, malgré tout ; les rebondissements s’enchaînent à un rythme de plus en plus effréné au fil des 456 pages de ce pavé. Malgré mes réticences, je me suis laissée embarquer sans déplaisir et, pour une fois, je l’ai lu jusqu’à la fin.
Bussi est connu pour jouer avec son lecteur.
Il adore le rouler dans la farine avec un twist final toujours très difficile à deviner. « Rien ne t’efface » ne fait pas exception : il y a un gros effet de surprise et j’ai marché, je le reconnais. Ma satisfaction (paradoxale) de lectrice qui se fait avoir compense un peu les explications du mystère qui, elles, m’ont déçue.
De mon point de vue, les coïncidences sont trop invraisemblables, les ficelles trop énormes pour qu’on puisse vraiment y croire. De plus, même s’il ne s’agit pas à proprement parler d’un roman dit « littéraire », j’aurais apprécié un style plus travaillé, des personnages et des dialogues un peu moins « clichés ».
Bref, une lecture facile et distrayante qui remplit son contrat – divertir le lecteur – mais qui ne fera décidément pas de moi une inconditionnelle de cet auteur.
Cette chronique est parue initialement sur le blog « Au Plaisir de Lire ». Vous pouvez la retrouver ICI.